Hard As Love

Joseph Leon

Real Time Records/Dièse – 2009
par Jeff, le 6 avril 2009
8

En matière de folk boisé et apaisant, il est de bon ton de snober la francophonie pour tourner sans trop réfléchir le regard vers les artistes anglo-saxons dont le succès, souvent au rendez-vous, ravit à certains moments comme il interloque à d'autres. Et s'il est vrai que la France ou la Belgique n'abritent que peu de talents capables de rivaliser avec un Jesse Vernon ou un Will Oldham, penser que nos contrées ne sont qu'une morne plaine pour folkeux en goguette serait une grossière erreur. La preuve avec Joseph Leon, cet artiste libanais trentenaire installé à Paris dont le premier album autoproduit et enregistré en 2006 débarque enfin grâce au label Dièse. Évidemment, le folk à la française ne peut se targuer d'une identité propre, et c'est donc du côté des illustres et intemporels modèles qu'il s'en va puiser son inspiration. A ce petit jeu du shopping des influences, Joseph Leon nous montre rapidement qu'il a été à bonne école, celle de la triste élégance et des grands espaces imaginés dans les confins d'une chambre pour une musique qui fait le grand écart entre perfide Albion et 'US of A'.

A la base écrits pour un tête-à-tête langoureux entre une guitare acoustique et la douce voix de Joseph Leon, les dix morceaux qui composent Hard As Love ont croisé sur leur chemin des artistes qui n'ont pas hésité à les parer de bien beaux apparats. Ainsi, commet ne pas évoquer ici les contributions ô combien pertinentes de Benoit Rault (du Ben’s Symphonic Orchestra), d'Emmanuel d’Orlando (de Jack The Ripper) et de la chanteuse Kate Stabbles qui, non sans une certaine retenue, apportent une véritable valeur ajoutée à la musique de Joseph Leon. Certes, en enrobant ses compositions de quelques notes de piano ou de violon, Joseph Leon ne pourra nier les comparaisons - flatteuses faut-il le souligner - avec l'éternel Nick Drake, chef de file incontesté et incontestable de toute une génération d'artistes férus de spleen et d'introspection. Mais ces rapprochements inévitables ne doivent pas nous empêcher de nier l'évidence: à l'écoute de ces dix vignettes tantôt attachantes, tantôt bouleversantes, impossible de ne pas déceler chez Joseph Leon un talent fou qui fait instantanément de notre homme une vraie révélation, de celles qui s'imposent à vous par la seule force des compositions et ne sont pas le fait d'un plan marketing savamment orchestré.