Happy Hollow
Cursive
Basé à Omaha dans le Nebraska, quoi de plus normal que de retrouver Cursive sur le label Saddle Creek ? D’ailleurs, c’est déjà sur cette structure qu’était sorti courant 2003, The Ugly Organ, œuvre considérée à ce jour comme le point culminant d’une carrière longue de onze années. Et si le groupe a perdu sa violoncelliste Gretta Cohn en cours de route, son approche que l’on qualifie généralement entre emo et lyrique n’a pas changé d’un iota.
Bien au contraire, la bande menée par Tim Kasher semble même vouloir franchir un palier supplémentaire avec ce Happy Hollow, véritable fresque contant l’Amérique profonde version Bush dans laquelle végète une héroïne, la pauvre Dorothy, qui se retrouve à devoir mettre un frein à ses aspirations les plus profondes face au conservatisme ambiant d’une société sclérosée. Authentique œuvre-manifeste, Happy Hollow se révèlera donc dédié à tous les païens en même temps qu’il appelle les masses à se soulever contre une certaine forme d’obscurantisme religieux. Au contraire de Dorothy livrant un combat qui semble perdu d’avance, Cursive réussit à captiver son auditoire avec son mélange très efficace, bien qu’il ne soit pas toujours subtil, de moments nerveux où les guitares se font lourdes et de passages autrement plus gracieux et mélodiques. Quant aux cordes qui habitaient jadis les compositions du groupe, elles sont remplacées sur Happy Hollow par des cuivres qui apportent une grandiloquence qu’on ne connaissait pas à l’ensemble.
Au final, on a donc dans les mains une épopée en quatorze actes, remarquable de cohérence, tant sur le fond que sur la forme. Pour que tout soit parfait cependant, il ne reste qu’à espérer que Happy Hollow soit écouté par près de 300 millions d’Américains. Visiblement, Dorothy n’est pas la seule à ne pas avoir fini de rêver…