Habibi Funk 007: An eclectic selection of music from the Arab world
Various Artists
En 2015, Jannis Stürtz (cofondateur du label Jakarta Records) décide de concrétiser sa passion pour les obscures vieilleries jazz, funk et disco du Maghreb et d'Orient en lançant Habibi Funk. Deux ans plus tard, on a la légère impression que cette petite structure est autrement plus visible que Jakarta Records, et surtout que c'est amplement mérité.
Car oui, le Berlinois est un infatigable voyageur qui régale les amateurs de grooves (finalement pas si) exotiques (que ça) avec un catalogue qui est le fruit d'un travail de digging furieux et de filtrage exigeant, lui qui souhaite dépeindre un monde arabe délesté des nombreux clichés qui accompagnent l'évocation de sa culture musicale. Si c'est grâce à un autre tête chercheuse (Lefto pour ne pas la nommer) qu'on a découvert la structure, on a depuis eu le temps de bien parcourir le catalogue, et d'y découvrir un paquet de trucs aussi incroyables qu'improbables; pour la plupart sortis dans les années 70 ou 80 et n'ayant jamais traversé la Méditerranée .
Mais encore trop peu connu auprès d'un public dont on sait en 2017 qu'il est friand de ce genre d'exercice d'excavation, Habibi Funk a la bonne idée de sortir Habibi Funk 007: An eclectic selection of music from the Arab world, une compilation qui, comme son nom l'indique assez clairement, a pour vocation de convertir un public de curieux et de servir de vitrine à la structure en compilant certains titres déjà sortis (on pense notamment à l'incroyable "Sah" d'Al Massrieen sorti plus tôt dans l'année) mais en déterrant surtout un paquet de trucs jamais entendus auparavant. Et la première et principale vertu de cette compilation, c'est de démontrer que le nom du label est trompeur, et que Jannis Stürtz ne jure pas que par le funk. C'est même le contraire: tout ici renvoie à une appropriation par des artistes du Maghreb de gens musicaux qui en leur temps ont déferlé sur la planète toute entière. Parce qu'il n'y a pas de raison que la disco, le garage, le rock psyché ou le disco n'ait pas inondé les rues de Beyrouth, Fès ou Tunis.
Une fois qu'on accepte que les 16 titres ici présents ne sont pas de vulgaires pastiches (même si certains s'en rapprochent parfois dangereusement, soyons honnêtes), on ne peut que laisser l'esprit divaguer et imaginer la manière dont ces titres ont bien pu naître, surtout dans ces pays où à l'époque, le régime politique en place ne devait pas forcément très enclin à promouvoir certains genres incarnant la dépravation ou le vice.