Greatest Hits From The Gong
Cypress Hill
S'il y a un style musical à qui le format de la compilation va à ravir, c'est bien le hip-hop. Là où les albums studio font souvent office de remplissage de galette à grands coups de featurings, de remixes et de sketches inutiles, le 'greatest hits' est l’occasion de se focaliser sur l’essentiel : les tubes. Et dans le cas de Cypress Hill, il y a de quoi faire. Avec une dizaine d’albums au compteur (sept en studio, un live, un disque d'inédits, un autre en espagnol), le groupe a su réconcilier fans de rap et de rock autour d'hymnes purement jouissifs et fédérateurs. Bien sûr, les Américains ont souvent été considérés comme des traîtres à la cause du hip-hop avec leurs crossovers rap/hard-rock pas toujours du meilleur goût, et leurs derniers essais n'ont pas été des plus convaincants (cf. le cas Till Death Do Us Part). Mais en quinze années de carrière, le bilan est dans l’ensemble plutôt positif.
D'où cette question : qu'est-ce que cherche à faire Sony en sortant ce disque qui s'apparente à un beau, à un gros foutage de gueule ? Avec seulement 12 morceaux (dont 2 inédits faiblards et un remix pourri), le label voudrait-il juste piétiner un mythe ? Car le néophyte qui voudrait découvrir Cypress Hill à travers ce disque n’aura droit qu'à 9 petits extraits de la discographie du groupe. Enfin petits, façon de parler : il s’agit tout de même de morceaux de la trempe de "Insane In The Brain", "(Rock) Superstar" et " How I Could Just Kill A Man". Mais ici, ce sont plus les absents que les présents qui frappent : pas de "I Wanna Get High", pas de "Lick A Shot", pas de "When The Shit Goes Down", pas de "What’s Your Number", pas de "Pigs", pas de "Can't Get The Best Of Me", pas de "Tequila Sunrise", aucun extrait du Live At The Fillmore… Bref, c’est quoi ce travail de sagouin ?
Si au moins le disque était fait pour une collection mid-price, pourquoi pas… Mais non, il faudra bien débourser le prix fort pour acquérir Greatest Hits From The Bong. Après le minimum syndical du Solid Gold Hits des Beastie Boys et le bilan complaisant de The Roots en deux volumes distincts, voilà le troisième grand groupe de hip-hop américain à rater sa rétrospective. Carton rouge !