Gossamer
Passion Pit
En 2009, le Passion Pit de Michael Angelakos faisait le buzz sur la toile avec un premier EP largement comparé à la pop de MGMT. L’album Manners qui suivit fut pour beaucoup une déception. Efficacité pop, talent d’écriture indéniable, mais une voix suraiguë qui finissait, à la longue, par décourager l’auditeur.
Trois ans après, le groupe de Cambridge (dans le Massachusetts) nous revient avec Gossamer. Les plus « safe » d’entre nous auront vite associé ce nom au célèbre préservatif Durex. Si appeler un préservatif Gossamer dans un pays francophone peut paraitre un peu étrange, c’est en anglais que ce mot prend son sens puisqu’il désigne quelque chose d’extrêmement léger, de mince ou de délicat.
Dans pas mal de régions où l’été ne s'est jamais vraiment décidé à pointer le bout de son nez pour chasser la grisaille permanente, l’artwork frais estival de Gossamer a dû en décider plus d'un à jeter une oreille distraite à cet album. Et pour tous ceux qui avaient été fatigués par les excentricités de Michael Angeloakos sur Manners, la suprise est plutôt bonne. "Take a Walk" et "I’ll Be Allright" vous prennent par la main pour vous emmener dans un monde féérique et joyeux, quoiqu’un peu détraqué. S’il fallait résumer les influences et les évocations, on pourrait situer Manners en plein milieu d'un carrefour où passent par là les Adventure Babies pour le côté teenage pop, Bent pour l’utilisation des samples et les Boo Radleys pour leur talent d’écriture.
Mais ce qui finalement semble être l’inspiration ultime de Gossamer, c’est bien l'inévitable et mythique Pet Sounds des Beach Boys, comme nous le fait vite comprendre les 34 secondes de "Two Veils to Hide My Face". Ici, le travail sur les harmonies vocales est bien plus léché que sur Manners et les idées de production, plus fouillées. La bipolarité avérée de Michael Angelakos y est sans doute pour quelque chose, puisque les chansons évoquent avec cette apparente insouciance les graves problèmes rencontrés par le chanteur du groupe. En cela, le fantôme dépressif de Brian Wilson n’est jamais bien loin.
Bien plus complexe qu’il n’y paraît, Gossamer ouvre de nombreuses pistes qui permettent de redéfinir l’essence même du groupe et d'entrevoir un futur passionnant. Loin d’être parfait, ce second effort emballe sans être exempt d’erreurs. Car le talon d’Achille de Passion Pit est aussi sa qualité première : fabriquer avec une apparente facilité des chansons pop au potentiel tubesque instantané. Fait rare en 2012, elles sont au nombre de 12 sur Gossamer. Mais un album ne se construisant pas uniquement sur des singles, on espère que Passion Pit écoutera nos conseils au moment de pondre le petit troisième.