Ghost Culture

Il y a des artistes qui galèrent pendant des années afin de trouver un label qui voudra bien leur sortir un EP 5 titres. Et puis il y a des gens comme Ghost Culture qui publient un morceau sur Soundcloud, que Erol Alkan écoute par on ne sait quel hasard, et qui se font signer fissa sur son label Phantasy. Et cerise sur le gâteau, c'est le boss qui est à la production - et on sait qu'il a déjà fait de petites merveilles pour les Mystery Jets ou Daniel Avery. Bref, le monde est injuste. Ou peut-être pas tout à fait.

Parce qu'on ne peut pas nier que le bon vieux Erol a du flair. Et si le disque de Ghost Culture pourrait sembler "déjà entendu" aux oreilles averties, le charme opère justement en nous rappelant des influences plutôt cool. Oubliez Depeche Mode qu'on essaye de vous vendre ailleurs (c'était dans le communiqué de presse?), mais laissez-vous guider par une ambiance de crooner en mode dark-house qui rappelle le Matthew Dear de Black City, sortez de votre torpeur moite avec un peu d'electronica grandiloquente qu'on préfèrera rapprocher de Jackson & His Computer Band (ou d'un Tim Exile un peu trop sage) que de Gesaffelstein, et dégourdissez-vous les jambes avec des titres où la patte de Alkan (celle de son alias Beyond The Wizards Sleeve) à la production se fait sentir.

Et la personnalité de l'artiste, dans tout ça? Vous ne la trouverez pas dans l'interprétation, qui n'a d'autre ambition que de ne pas déranger (un peu à la façon de Circlesquare), mais peut-être plus dans les compositions qui démontrent une certaine maîtrise d'un format pop moderne ayant siphonné tout ce qu'il pouvait du passé tout en évitant le piège du passéisme. Le résultat pourra-t-il survivre à l'hiver? Avec des bons remixes pour y ajouter la sensualité qu'on aurait aimé y trouver, peut-être bien. Reste qu'on ne peut s'empêcher de penser que tout a peut-être été trop vite pour le londonien, et qu'un peu de maturation n'aurait sans doute pas fait de mal à un projet musical pré-pubère qui fait craindre une adolescence tumultueuse.