Ghettoblaster
Armand Van Helden
Il est de ces artistes qui jamais ne changeront leur ligne de conduite, qui se refusent à faire évoluer leur manière de travailler malgré les caprices d’une musique électronique qui se veut changeante, en permanente évolution. Ces artistes croient en leur son, et le défendront jusqu’à la mort s’il le fallait. A l’image de producteurs comme Alexander Kowalski, The Chemical Brothers ou encore Faithless, cette démarche semble encore honorable tant l’expérience est synonyme ici de qualité. Les sorties de ces dinosaures de l’electro sont fermement attendues par une pléiade de chroniqueurs aux dents affûtées, impatients de voir si les antiquités peuvent encore se prévaloir de leur réputation ou bien si leur place est plus à l’hospice que sur les plus grandes scènes internationales. Énorme monstre de la scène house américaine, Armand Van Helden parcoure le monde depuis maintenant quinze longues années pour promouvoir sa vision d’une house festive, ravissant ainsi bon nombre de clubbers en quête de sons qui claquent.
Dès les premiers assauts sonores, on comprend rapidement que la mission de l’Américain va être rude afin de conquérir des auditeurs, si abrutis soient-ils, tellement on évolue en terrain connu. On a droit ici a un pamphlet « anti-bon goût » qui transpire la vieille dance des années 90, une sorte de déchet typé Chicago House alliant des parties chantées d’une ringardise aussi énorme que stupide et des rythmes binaires putassiers à en perdre la tête, le tout noyé dans une ambiance faussement festive. Comme dit plus haut, sur une bonne partie des titres l’auteur s’entoure d’artistes dont la participation semble rendre encore plus désagréable une écoute jusque-là bien assez pompante, poussant le vice jusqu’à inviter Fat Joe pour un navet electro rap à faire pleurer dDamage. Néanmoins certains titres semblent moins médiocres que l’ensemble, notamment l’hymne à la grandeur de la défunte Chicago House (« A track Called Jack ») avec son refrain typique (jack ! jack ! jack !) qui rappellera non sans plaisir les Rythmes Digitales; ou encore « To Be A freak » qui, sans ajouter quoi que ce soit à ce qui a été réalisé autrefois, fait sourire sans étonner. Les chansons passent et se ressemblent, la déception est là mais on se dit qu’en définitive on n'a rien raté. Il est juste triste de voir l’auteur de « You Don’t Know Me » s’auto-consumer au travers d’une œuvre vidée de son sens et de son intérêt, narguant par la même occasion une gloire maintenant révolue. Si la paléontologie vous intéresse et que vous êtes friand de grosses basses efficaces, délaissez la piste Van Helden cet été et allez plutôt faire un tour du côté de chez Johannes Heil, dont le classicisme de la tech-house ne sera pas emprunte à vous filer de l’urticaire, ou pire, un sentiment d’indifférence totale.
- Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant. Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien! Dansez maintenant.