G.D.O.D.2
Hustle Gang
C’est toujours un délice de voir les rappeurs qui font la pluie et le beau temps dans la rap game se déplacer en meute, bien entourés par les membres d’un crew formé plus ou moins rapidement, et avec plus ou moins de solidité. Comme il est de coutume de rapidement jouer les mécènes avec l’adoption d’un protégé, chaque emcee qui grimpe se doit de s’entourer d’une garde de lieutenants. Et on se dit qu’à défaut de savoir tous rapper, au moins serviront-il toujours à faire les cons dans des street-clips à trois francs. La crédibilité possède toujours plusieurs visages dans ce milieu. Les Young Money de Lil Wayne (Drake, Nicki Minaj, Mack Maine, Gudda, Tyga,…), les Coke Boys de French Montana (Chinx Drugz et récemment Lil Durk), le Black Migo Gang de Young Scooter, le A$AP Mob d’ASAP Rocky ou le Glo Gang de Chief Keef - et, avant cela, la Terror Squad de Fat Joe ou la G-Unit de 50 Cent. Un beau merdier qui, une fois les fondamentaux maîtrisés, a le mérite de cartographier un peu le game et, surtout, de proposer à intervalles réguliers des mixtapes remplies à ras bord d’apparitions plus ou moins pertinentes. Parce que, et il est important de le préciser, tous les effectifs ne valent pas l’Inter de Milan mourinhesque de 2010.
Si le but presque avoué est de gonfler la force de frappe à tout prix - histoire de donner de la matérialité à un business tout en digital, et en même temps de se maintenir à une position de choix dans l’actualité – alors, le Hustle Gang pourra se féliciter d’avoir comme figure de proue l’ogre T.I.. Mais pas que. Premièrement parce que le crew qui matérialise Grand Hustle Records ne s’est jamais limité à la seule personnalité du emcee d’Atlanta. Iggy Azalea, Killer Mike et B.o.B pour les plus bankables ; Spodee, Travi$ Scott, Young Dro, Big Kuntry King, Trae The Truth ou Yung Booke pour les plus street-crédibles : ce crew regorge de talents et ne se prive pas de nous le faire savoir sur G.D.O.D. 2. Deuxièmement parce que l’attitude voulue par le crew dépasse de loin les poses frontales et caricaturales de la plupart du rap de thug proposé sur Datpiff. Ne nous faites pas dire de mensonges, on kiffera toujours écouter des panses pleines de sizzurp beugler des futilités sur des murs de snares. Simplement que n’est pas Gucci Mane qui veut. Et que dans ces criconstances, un projet comme celui-ci est toujours le bienvenu. G.D.O.D. 2 c’est de la prod léchée partout, la tentative de claquer des hymnes street en alternant les hauteurs, en combinant des flows de connards tout en dynamisant le son.
Et puis bon, comme dit plus haut, ces mecs savent rapper. Mieux, ils savent éclater des titres, les uns derrière les autres, couplets après couplets, refrains après refrains. Parce que dans G.D.O.D. 2, on est bien souvent quatre ou cinq sur un même titre. Ca pourrait vite devenir long mais rien ne saurait lasser quand la maîtrise est aussi constante, quand tout est aussi complexe qu’un poignée de rimes fortes et aussi évident qu’un refrain à faire péter dans la voiture. Mine de rien, on tient probablement ici l’un des crews les plus appliqués, et logiquement une des mixtapes de l’année. Et avec ça, on n’a même pas parlé de la présence de Young Thug, Meek Mill, Trey Songz ou Rich Homie Quan sur ce Get Dough Or Die 2. Solide, très très solide.