Gay Singles
Hunx & His Punx
Le pitch tient du sketch, celui de la petite tapette maniérée qui se piquerait de faire du rock and roll. Zaza Napoli chez les Ramones quoi. Il y a vraiment de cela, c'est sûr : un concept, un regard, beaucoup de cirque. Hunx adapte au monde gay les paroles innocentes et couillonnes de l'adolescence du rock and roll, cette naïveté sixties où les filles des chansons attendaient en pétant nerveusement sur le sofa tout rose de la prison parentale le coup de téléphone du futur mari potentiel, rencontré un soir de fête foraine. Si les thèmes éculés passent à la moulinette gay, le background musical reste quant à lui par contre plus ou moins fidèle aux modèles du passé : énergique, sucré, propret, finalement moins punk que bubblegum. C'est évidemment camp, surjoué jusqu'au bout des faux cils et il semble entendu que si Hunx était né un peu plus tôt, c'est lui qui aurait été le Cry Baby de John Waters, certainement pas Johnny Depp.
Avec tout cela, on peut choquer, on peut charmer, on peut faire rire. Et plus rarement, on accouche d'un tout bon disque. C'est pourtant bel et bien ce qu'est Gay Singles, un tout bon disque. Peut-être juste un peu longuet et monochrome du fait que c'est une compilation de singles plutôt qu'un véritable album pensé comme tel, où slows et compositions moins directes auraient également eu leur place. Dans une sphère garage-rock où tout le monde essaye de détrôner les Black Lips en les singeant, Hunx est une réelle bouffée d'air frais, amenant à cette scène internationale toujours mignonne mais souvent sclérosée une véritable folie, une personnalité marquante, beaucoup de malice, un réel talent parodiste et puis, tout simplement, du putain de bon rock and roll qui donne une furieuse envie de se déhancher. Entre garçons. Entre filles. Entre filles et garçons. Parce que le rock, c'est la musique du sexe, pas celle des bitures de motards. Un million de mercis à Hunx de nous le rappeler.