Garden Ruin
Calexico
Quand deux artistes se rencontrent et décident de faire un bout de chemin ensemble, il y a fort à parier que cela ne soit pas sans incidence sur la suite des parcours solo de chacun. Ainsi, si l’on ne sait pas encore ce que Sam Beam retirera de son aventure avec Calexico sur le très bon In The Reins, l’influence de la musique d’Iron & Wine sur ce cinquième album des Texans est en revanche évidente. Déjà en 2003, l’utilisation systématique des influences latines sur Feast Of Wire avait révélé quelques faiblesses : les meilleurs titres du disque ("Sunken Waltz" et "Black Heart") étant de loin les plus classiques, on sentait bien que Joey Burns et John Convertino n’allaient pas jouer longtemps encore les apprentis mariachis.
Dès les premières notes, Garden Ruin vient confirmer cette intuition. Ceux qui résumaient le 'son Calexico' à une utilisation abusive de trompettes et de guitares hispanisantes en seront pour leurs frais, ce nouveau disque est un condensé de folk épuré, à peine perturbé au milieu par le relent latino "Roka (Danza de la Muerte)". D’ailleurs, le virage amorcé ici risque d’être mal vécu par certains fans peu friands de changements aussi radicaux. Finis les instrumentaux légers, finie la pop ensoleillée ! Le duo a tout misé sur une poignée de chansons sobres, rappelant assez souvent le Love de Arthur Lee ("Cruel"), et sur la voix de Joey Burns enfin mise en avant après de trop nombreuses années passées dans l’ombre du mixage. Les nostalgiques pourront toujours se raccrocher à ces quelques touches jazzy, à ce piano mal accordé, à cette rythmique sèche qui vient clore "Smash" pour laisser le temps au disque de se révéler. Ils découvriront alors de superbes mélodies et un groupe transcendé par ses nouvelles aspirations. Pour tous les autres, la seule chose à savoir, c’est que Calexico vient de signer un grand disque.