Furr

Blitzen Trapper

Sub Pop – 2008
par Nicolas, le 26 mars 2009
8

On avait découvert Blitzen Trapper grâce au dernier Wild Mountain Nation, sorti sur le toujours recommandable label Sub Pop. Il s’agissait là d’une sacrée reconnaissance pour un groupe qui, mine de rien, avait déjà pas mal roulé sa bosse : tout d’abord sous le nom de Garmonbozia, ensuite en publiant deux albums complètement autoproduits. Originaire de Portland, Oregon, la formation d’Eric Earley pouvait donc voir plus loin que la frontière de son Etat en signant sur la structure de Seattle. Avec Wild Mountain Nation, le groupe planta très vite le décor, où plutôt non, car nombreux furent les auditeurs qui ne savaient plus sur quel pied danser. Bien ancrés dans l’indie, les Américains voyagent allègrement entre pop, folk et rock sans trop se soucier de ce que l’on pensera d’eux. Et cela se ressent tout particulièrement dans leurs compositions ingénues qui débordent d’idées sans qu’ils n’y mettent un frein.

De retour aux affaires avec Furr, le sextet n’a pas complètement changé son fusil d’épaule, même s’il accentue son versant pop, et n’a rien perdu de son goût pour les constructions alambiquées et débraillées. Dès l’initial “Sleepy Time in The Western World”, on sent que le groupe est passé maître dans l'art de la voltige. Rappelant autant la période dorée des Sixties, et les incontournables Beach Boys, que le meilleur de la pop contemporaine, de Beck à The Shins, Blitzen Trapper offre ici toute une série de tubes en puissance. Et ce qui est passionnant avec ce disque, c’est que les ambiances sont constamment changeantes et que l’itinéraire à prendre par l’auditeur ne semble pas irrémédiablement tracé. En effet, la palette du groupe américain est tellement large que tout amateur de pop devrait y trouver son compte. En outre, on peut se réécouter ce Furr à l’envi, il se régénère de fois en fois. D’autant que les vignettes que nous propose Blitzen Trapper dépassent rarement les 3 minutes. Si on n’aime pas, on zappe. Chose qui ne nous est jamais arrivée…

Avec une telle fraicheur et une telle propension à écrire des hymnes pop sans se soucier du passé, la formation menée par Eric Earley est à même de devenir un des fers de lance de Sub Pop. Car si cet opus est sorti voici quelques mois, on se demande encore comment il a pu passer à travers les mailles du filet et ne pas figurer en bonne place dans les classements de fin d’année. Cela ne saurait que trop tarder : à ce rythme, Blitzen Trapper ne peut finir que par exploser. À la seule et unique condition d’opter pour un visuel moins affreux !

Le goût des autres :
8 Amaury L