Full of Hell & Merzbow

Sérieusement, les groupes officiant dans les sphères grindcore ne nous facilitent pas la tâche. Que dire d’un disque qui ne dépasse pas les vingt-cinq minutes (à part qu’il est court) et dont la violence dépasse l’entendement ? On n’est pas aidés non plus par le fait que ce genre de turbine n’a aucun secret pour les fans de punk-hardcore qui nous lisent, alors que les autres n’auront pas besoin de quatre longs paragraphes pour comprendre le coupe-gorge dans lequel on a essayé de les pousser. Mais bon, Full of Hell a, pour son troisième album, eu la chance d’être approché par Profound Lore (et son catalogue impeccable) et, surtout, s’est payé les services d’un techno-monstre pour gonfler encore un peu plus l’aura de violence de cette courte plaque. Cette éminence grise, c’est Merzbow, son existence dédiée à la noise-music, son jusqu’au-boutisme et son expérience forte de ses trois cent enregistrements répertoriés. Alors voilà, on va faire court : Full of Hell joue un hardcore/grindcore très brutal et très rapide (23 minutes pour onze titres, avec des morceaux qui totalisent 33 secondes au compteur), et s'appuie sur deux chanteurs et une batterie qui viole tout ce qui passe à proximité de baguette. Merzbow, de son côté, joue le rôle d’arbitre. Ni vraiment producteur ni réellement musicien, il rôde. Le Japonais distille des attaques brûlantes de manière discrète, au cœur d’un break, au début ou à la fin d’un titre - une trompette par-ci, une rafale power electronics par-là. Côté pile, ça donne du gros grindcore, côté face – et ça c'est le deuxième disque – ça donne Merzbow qui sort de sa cave, et instrumentalise le groupe pour cinq virées noise extrême et géniales. Trente-cinq minutes de rab’ qui complètent à merveille le projet, pour en faire un disque multi-facettes et génialement abouti. Voilà, pas grand-chose à dire, sinon que la collaboration marche à merveille, envoie du pâté d’huitre par camions et ne se refuse aucune tarte dans la gueule. Carré, furieux et renversant.