Freedom Wind

Le Pet Sounds des Beach Boys est indéniablement l’un des plus grands disques jamais enregistrés, et s’y attaquer n’est jamais une mince affaire. Encore aujourd'hui, un nombre incalculable d'artistes continuent de s'inspirer à des degrés divers des hymnes complexes façonnés par ce génie qu'est (faudrait-il plutôt dire était?) Brian Wilson. Mais alors que des groupes comme The Ruby Suns ou des artistes comme Panda Bear optent pour une sélection à la carte des talents dévoilés par le groupe sur le Pet Sounds, les Américains de The Explorers Club préfèrent eux composer des titres qui ressemblent à s’y méprendre à ceux des Beach Boys, rendant la frontière entre l’hommage et le pillage d’une finesse rarement atteinte.

En effet, tous les ingrédients qui ont propulsé le Pet Sounds au panthéon de la pop se retrouvent sur ce Freedom Wind : la voix haut perchée de Brian Wilson, les harmonies vocales somptueuses, la large palette d’émotions ou les arrangements foisonnants au service d’une pop majestueuse. Ceci étant, la ressemblance entre l’original et la copie est telle que l’on peut légitimement douter de la pertinence d'un tel disque en 2008, voire penser avant même d'en avoir entendu la moindre note que l’ensemble va rapidement se révéler énervant ou pénible. Cependant, il y a une donnée qu’il serait bon de prendre en compte avant de se lancer dans l’art délicat de la critique : le talent d’écriture de ces cinq zigues en droite provenance de Caroline du Sud. Et à ce petit jeu, The Explorers Club fait plus que tirer son épingle du jeu. Car s’il n’est pas bien difficile d'avoir tous les ingrédients magiques à disposition, pondre une bonne dizaine de chansons qui tiennent la route est une mission autrement plus périlleuse, mais remplie avec beaucoup d’aplomb sur Freedom Wind. Au fil des écoutes, on se prend même à penser que des titres comme « Forever » ou « Last Kiss » ne dépareilleraient pas sur un (bon) album des Beach Boys.

Malheureusement pour le groupe, en optant pour la formule ‘copie conforme’, il s’expose aux foudres de millions de personnes dont le Pet Sounds occupe une place de choix dans le cœur. J’ai beau faire partie de cette dernière catégorie, cela ne m’empêche pas de trouver d’énormes qualités à Freedom Wind. Certes, pour le coup de génie, ils repasseront. Par contre, pour ce qui est de perpétuer un certain état d’esprit que tous ceux qui ont vu Brian Wilson en concert ces dernières années ou entendu « Kokomo » croyaient mort, The Explorers Club a frappé un grand coup.