Free The Universe

Major Lazer

Warner Music – 2013
par Aurélien, le 18 avril 2013
3

Imaginons Major Lazer comme un paquebot de luxe: gardons le plus compétent des deux pilotes aux commandes – à l'eau l’immonde Switch – et remplissons l'embarcation de hipsters tellement ivres qu’ils en oublient toute notion d’amour propre sur fond de moombathon à prix discount. Vous obtiendrez l'une des machines les plus imparables (commercialement parlant, du moins) de ces dix dernières années. Un véritable gouffre à fric facile qui s’est offert un statut de phénomène live, conviant dans la même galère le petit hipster aux Vans vertes comme le Jacky à crête dans son marcel délavé. Tout ceci malgré un premier album très moyen.

Imaginons maintenant que cette machine bien huilée échoue. Qu’elle s’enlise jusqu’à devenir une grosse boule de gras qui se heurte à l'iceberg de notre second degré avant de sombrer dans les abîmes. La boule de gras de Diplo, on l’appellerait Free The Universe, cet album inutilement reporté depuis six mois dont le résultat final est aussi limité (sinon plus) qu'on aurait pu le prévoir.  

Commençons par les points positifs : la tête pensante de Mad Decent produit bien mieux que tous ses consanguins de copains qui font tourner le monde de l’EDM sur le bout de leur gland. Cette tête pensante a même le chibre assez solide pour sauver de la noyade une poignée de pistes du tracklisting de son nouveau rejeton, parmi lesquelles "Get Free" ou "Playground".

Ailleurs par contre, c’est la débandade: celui qu’on pensait avoir vu atteindre une certaine idée du point de non-retour avec le bruitiste mais honteusement plaisant Express Yourself a proprement et sans aucune réserve fait exploser les limites de la nullité et de la putasserie. Il offre ici un produit sans saveur que certains invités – Flux Pavilion, Bruno Mars ou encore le mort-vivant Shaggy - n’hésitent pas à plomber plus encore.

Dans cette gigantesque course au mauvais goût, on réalise combien il devient gênant de parcourir ces quatorze pistes d'un vide souvent sidérant, pas même pensées dans un objectif de séduction pure et dure. Free The Universe est juste l’aire de jeu autiste d’un Wesley Pentz qui a (volontairement ?) perdu contrôle de sa barque et qui donne libre cours à ses délires EDM les plus extrêmes, planqué derrière une liste de featurings susceptible de garantir le succès commercial - mais certainement pas critique - de l’album.

Bref, une plaque qu’on va bien tranquillement s’employer à oublier en attendant de savoir si le travail de l'Américain pour l’album de Snoop Lion méritera autant de vindicte.

Le goût des autres :
2 Tristan