Four

Bloc Party

Frenchkiss – 2012
par Denis, le 7 septembre 2012
3

Impossible de l’oublier: Bloc Party, c’est quand même ce groupe qui, en 2005, livrait Silent alarm, album de l’année aux yeux du NME, rythmé de pépites plus entraînantes les unes que les autres ("Banquet", "She’s Hearing Voices", "Helicopter") et s’autorisant quelques passages du côté d’une pop plus doucereuse mais non moins efficace — pour le dire vite, une B.O. idéale pour illustrer les scènes de dénouement amoureux d’How I Met Your Mother (faites un effort et rappelez-vous la fin de la première saison, sous la pluie et sur "This Modern Love").

L’ensemble, au moment de Silent Alarm, était plaisant et la voix de Kele Okereke permettait au groupe de se distinguer des autres artistes émergeant sur la scène revival new wave, en rappelant dans le même temps le timbre d’un Robert Smith. Intéressante démarche pour couronner le tout: le groupe, au vu du succès de cette première plaquette, s'était payé le luxe de proposer un Silent alarm remixed, où ses titres étaient réaménagés par, entre autres, Four Tet, Mogwaï et M83.

Le problème, c’est que, depuis ce combo premier album/version remixée plutôt réussi, Bloc Party donne moins l’impression de faire du surplace que de revenir en arrière : après un deuxième album propre mais très scolaire (A Weekend in the City, à l’écoute duquel on s’ennuie un peu dès le quatrième morceau) et une troisième livraison franchement anonyme (Intimacy), le quatuor britannique vient de sortir Four, dont on ne peut même pas dire qu’il déçoit, tant sa fadeur était attendue. Le titre seul de ce quatrième LP est largement significatif dans sa stérilité minimaliste : pour préférer la sobriété au concept permettant de tenir ensemble les différents morceaux formant un album, il faut être sûr de son coup, sûr que la musique se suffira vraiment à elle-même et n’aura pas besoin d’être supportée par le discours d’escorte dont le titre du disque participe directement.

Le problème, c’est que Bloc Party n’est pas Led Zeppelin et que les morceaux qui se succèdent sur Four ne parviennent jamais à donner une impression de cohérence. En réalité, il aurait fallu bien plus à cet album qu’un titre éloquent et fédérateur pour qu’on ait l’impression d’écouter autre chose qu’un premier jet mal ficelé et confus de ce qui pourrait devenir un album. Tout, ici, est approximatif, à l’image du morceau « V.A.L.I.S. », qui, semblant vouloir singer une forme de pop-punk faussement naïve à la The Drums, se prend les pieds dans le tapis et s’écoute comme un brouillon trop-plein de chœurs et d’une batterie mollassonne surexposée. Le genre d’effet qu’on accepte d’une démo enregistrée en 2002, mais pas d’un quatrième album, dont on se dit finalement qu’on a été vachement sympa de l’écouter jusqu’au bout, puisque le groupe lui-même n’a visiblement pas pris la peine de l’achever.

Le goût des autres :
6 Maxime 8 Amaury L