F.N.O. [Failure's No Option]
Lloyd Banks
Pour beaucoup - et il n’y a pas de honte à ça, au regard des circonstances – Lloyd Banks est, et sera toujours, le bras droit de 50 Cent au sein de la défunte G-Unit. Un faire-valoir à la cool, supérieur à Tony Yayo mais bien moins bankable que Game ou Curtis Jackson lui-même. Pourtant, et à condition de quitter un instant nos fantasmes d’ « Européens-qui-pensons-connaître le hip-hop-US-comme-leur-poche », on se rend vite compte que Christopher C. Lloyd est suivi de près outre-Atlantique, et surtout que son nom inspire un respect qu’on n’imaginait pas si grand au vu de ce qu’il en ressort dans nos contrées. La preuve, ses mixtapes atteignent encore des taux de téléchargement irréprochables, et on découvre même que pas mal d’auditeurs l’ont toujours considéré comme le meilleur emcee de la bande.
Lloyd Banks c’est donc un parcours atypique, une staritude singulière qui cache surtout aujourd’hui un des rappeurs les plus sous-estimé de sa génération. Privilégiant moins les albums officiels aux mixtapes ponctuelles, le New-Yorkais entame ici un nouveau cycle intitulé A.O.N. [The All or Nothing] Series, triolgie qui débute par le présent F.N.O. [Failure’s No Option]. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on aurait eu énormément de regrets de ne pas sortir cette plaque de la fange, comme si au final le bordel Datpiff n’était pas encore assez grand pour faire de l’ombre à ce qu’on annonce souvent comme la tape de l’année. F.N.O. a surtout un très grand mérite, celui de remettre sur la scène un emcee définitivement méconnu en Europe, une perle issue d’une scène new-yorkaise à l’ancienne et bien plus pertinente que pas mal de vieilles gloires qui s’évertuent à prolonger les fantasmes d'une scène old school cohérente et unifiée (non Nas, on ne te vise pas, non non).
F.N.O. c’est cinquante minutes d’un job de puriste, un flow qui trouve encore l’opportunité de se distancier du tout « delivery » (qui contrairement au flow, se définit comme l’attaque sur le beat, cette manière de tout substituer à l’attitude plutôt qu’à la technique lyricale) qui pullule dans le monde des mixtapes. Un aspect strictement technique qui fout Lloyd Banks dans la case des emcee vénérables, ceux qu’on écoute avec la sagesse des anciens. Puis il ya ce contrôle qualité sur les productions, qui comptent parmi les plus classieuse de l’année (en écoutant « Pain In Variety », on se demande toujours si ce n’est pas Aphex Twin derrière ce bordel), ce calme dans la sélection, cette oreille qui fait de New-York une vraie machine à envoyer du rêve sur un simple beat boom-bap à l’ancienne. Une vraie finesse, partout et tout le temps.
Lloyd Banks n’a pas besoin de grand monde pour tabasser pépère, au mieux un Raekwon ou un Styles P des familles. L’intérêt de F.N.O. n’est pas dans le joyeux copinage un peu bourrin, mais dans le cœur de son art noble, qui explose partout comme une évidence. Une seule écoute suffira pour convaincre tout le monde que ce skeud de Lloyd Banks est clairement une des meilleures plaques de hip-hop de l’année. Et dire que deux autres volets doivent encore compléter la série…