Fire
Electric Six
Au cas où vous n’auriez pas encore daigné porter votre attention sur le premier album d’Electric Six, sobrement intitulé Fire, sachez que vous avez raté LE concept album de l’année 2003. Mais il n’est pas trop tard pour bien faire. Sorti en tout début d’été, ce disque aura clairement fait sensation par son mélange inattendu de rock et de… disco. Il faut l’entendre pour le croire. On pourrait imaginer que les membres d’Electric Six, un sombre groupe qui écumait encore récemment les bars glauques de Detroit sous le nom de The Wildbunch, se sont un jour réunis autour d’une bonne bière bien fraîche en se lançant un défi du genre de ceux dont raffolent les intello un jour d’examen : placer certains mots prédéfinis dans leur copie (anticonstitutionnellement, sémaphore ou encore paraplégique).
En l’occurrence, chaque chanson contenue sur cette galette brûlante comporte au moins une fois le terme "dance floor", "fire", "war", ou mieux, "nuclear war". En mélangeant tout cela avec une bonne pincée d’humour en guise de comburant, on obtient des titres absolument gigantesques, comme "Nuclear War (on the Dance Floor )", "Dance Commander" ou encore l’imparable "Gay Bar", qui a permis au groupe de se faire découvrir avec son fameux leitmotiv qui consiste à enfoncer on ne sait quoi on ne préfère savoir où.
Les allergiques au second, voire au troisième degré, trouveront le mélange indigeste et passablement pathétique. Pourtant, une fois que l’on est entré dans le concept, difficile de résister à ces refrains accrocheurs dignes d’une cour de récré ("I might like you better / If we fuck together / I want your naked pictures / of your mother", sur la bien nommée "Naked Pictures (of your Mother)", entre autres grivoiseries que la décence nous interdit de reproduire ici).
Hardrock Eighties bien grassouillet et rythmiques disco n’ont jamais fait aussi bon ménage. La voix de Dick Valentine, pas très éloignée de celle d’un Tom Jones sous acide, qui joue constamment avec les poncifs de l’esthétique disco, renforce le sentiment de se trouver dans le rêve de toute personne ayant grandi dans les années 70/80, à savoir le mariage béni des dieux entre le rock et le dance floor.
Bien entendu, le concept est assez limité et parvient difficilement à tenir la distance, bien que chaque morceaux possède sa propre personnalité, de telle sorte qu’on se demande vraiment comment le groupe va pouvoir sortir un deuxième album sur le même principe – cela n’aurait même pas beaucoup d’intérêt. Pour un one shot, c’est donc un coup de maître, et c’est à se demander pourquoi trois membres du groupe ont fait leur valise peu de temps après la sortie du disque. Ils n’ont pas eu le nez creux, c’est le moins que l’on puisse dire.
En l’état actuel des choses, profitons de ce disque vraiment épatant, et que ceux qui ont la possibilité de voir la nouvelle formation d’Electric Six en concert se précipitent, car la magie se retrouve aussi sur scène. C’est un miracle.