Fierce For The Night

Virginia

Ostgut Ton – 2016
par Jeff, le 16 juin 2016
7

Le paradoxe de la galaxie Ostgut Ton, c’est qu’elle est aujourd’hui synonyme de qualité aux quatre coins du globe, mais que cette notoriété semble être le fait des seuls Marcel Dettmann et Ben Klock, qui incarnent plus que jamais la toute-puissance de la maison berlinoise sur la techno mondialisée.

Car oui, pour énormément de monde, Ostgut Ton, c’est avant tout de la techno et jouée dans les meilleurs clubs du monde ou dans l’antre du Berghain par ses deux tôliers. Comme si la house (entre autres genres couverts par OT) avait moins voix au chapitre ou que le Panorama Bar attenant était un endroit moins respectable. Pourtant, que ce soit sur des sélections mixées, des albums ou des EP’s, des gens comme Prosumer, Nick Hoppner ou Steffi nous ont prouvé à intervalles réguliers toute l’importance de la house dans le bon fonctionnement de la machine. Et aujourd’hui, c’est au tour de Virginia d’en remettre une couche.

Artiste discrète, Virginia Nascimento a déjà une riche carrière derrière elle. Pourtant, c’est depuis qu’elle gravite autour de la constellation Ostgut Ton qu’elle a su nous taper dans l’œil. Et pour avoir fait le chemin inverse et être retourné aux origines, on vous confirme qu’il n’y a rien de notable ou mémorable à se mettre sous la dent. Alors que sur Ostgut Ton, il y a d’abord eu sa participation vocale à ce tube de Steffi, puis l’EP My Fantasy sorti l’année dernière et sur lequel Virginia esquissait les contours d’une house sobre, un peu froide mais tellement généreuse.

Sur Fierce For The Night, la native de Munich laisse dans sa poche la carte de la sécurité : quitte à être sur un label comme Ostgut Ton, connu pour ne pas avoir froid aux oreilles, autant y aller franco et tenter des trucs, quitte à se planter. Mais dans cette volonté de synthétiser de nombreuses influences, Virginia ne se vautre jamais. Pourtant, ce n’est pas faute de ratisser large : house, disco, r&b, techno, soul, new wave et pop 80’s passent tous à la moulinette de cette femme à tout faire, qui s’est quand même fait aider par sa Dutch Connection, soit une équipe de production composée de Steffi, Martyn et Dexter.

Et c’est probablement en s’étant entourée d’une équipe de gens qu’elle connaît particulièrement bien, mais aussi en privilégiant des formats relativement courts et en ne multipliant pas les instruments ou les ambiances que Virginia parvient à séduire. Accoucher d’un disque varié mais cohérent n’est jamais chose aisée, mais en s’articulant principalement autour de sa voix chaude et de refrains particulièrement efficaces – et à ce petit jeu, des titres comme « Bally Linny » ou « Obstacle » sortent du lot –, difficile de critiquer un Fierce For The Night qui s’impose déjà comme la bouffée d’air frais qui démontre toute la capacité d’Ostgut Ton à sortir un peu du cadre – en même temps, c’est pas comme si on doutait de leur capacité à le faire.