F.F.S.
F.F.S.
Des mariages contre-nature, ce n’est pas ce qui a manqué ces dernières années, pour le meilleur et surtout pour le pire (comment ça va Lulu?) dans une société accro au WTF et à l’explosion des chapelles. Et puis au beau milieu de ces collaborations complètement improbables émergent des associations qui nous font gueuler comme des putois : « mais pourquoi personne n’y avait pensé avant ? » Et la réunion des cerveaux qui agitent Franz Ferdinand et Sparks fait résolument partie de cette catégorie.
A ma gauche donc, les frères californiens Russell et Ron Mael alias Sparks, cultissime duo qui, en 40 ans de carrière, a à peu près tout testé et collaboré avec des gens en provenance d’horizons aussi divers que Faith No More, les Rita Mitsouko ou Giorgio Moroder. On vous conseille la très bonne double-compilation New Music For Amnesiacs si vous ne savez pas par quel bout prendre les Californiens. A ma droite, les très bankable Franz Ferdinand. Les très surcotés aussi. Car depuis un premier album qui a tapé incroyablement fort en 2004, les Ecossais ont aligné des disques très inégaux que seuls d’excellents singles permettaient souvent de sauver de la banalité.
Et si l'annonce de cet album de F.F.S. en a probablement fait tiquer certains, c'est certainement parce qu'ils connaissaient mal les discographies respectives, loin de s'imaginer que la complémentarité entre les deux groupes était évidente, surtout si Sparks se payait un petit voyage dans le temps en réactivant leurs vieilles lubies proto-punk / glam-rock. Quant à Franz Ferdinand, il leur suffisaient de retrouver leur meilleur niveau de post-punk, celui de "Take Me Out" ou "This Fire". Ajoutez à ce mélange quelques accès de francophilie chers à Alex Kapranos (qui vit depuis des plombes à Paris) et un humour bien tongue-in-cheek (l'une des marques de fabrique de Sparks) et vous obtenez un disque qui, contrairement aux idées reçues, ne blaire pas la naphtaline ou l'auto-glorification.
Des singles évidents, on en trouvera un bon paquet sur l'album éponyme de F.F.S: "Johnny Delusional", "The Man Without A Tan", "Save Me From Myself", "Dictator's Son",... Y'a vraiment qu'à se pencher et faire son shopping dans cet album d'une jeunesse et d'une énergie assez remarquables malgré l'âge assez avancé de la fine équipe - pour vous situer, l'entité Sparks a été porté sur les fonts baptismaux en 1971, soit trois ans avant la naissance du chanteur de Franz Ferdinand, qui est un quarantenaire accompli. On pourrait penser que tout ça ne nous rajeunit pas, mais franchement, si tout le monde pouvait vieillir aussi bien que ceux-là, ça nous éviterait bien des disques cramoisis qui sentent l'hospice et la pisse...