Face Control
Handsome Furs
On se souvient encore avec émoi d’Apologies To The Queen Mary, le premier album des Montréalais de Wolf Parade. Depuis lors, c’est toute une nébuleuse qu’il nous est donné de contempler. Car si le groupe a sorti l’an dernier At Mount Zoomer, on est sans cesse rappelés à l’ordre par toute une série d’autres projets : Sunset Rubdown, Swan Lake, Frog Eyes ainsi que Handsome Furs. Inutile donc de préciser que Spencer Krug (que l’on retrouve dans les trois premiers) et Dan Boeckner (que l’on retrouve dans le dernier, celui qui nous concerne), les deux têtes pensantes de la parade du loup, sont d’insatiables créateurs.
En ce qui concerne Handsome Furs, il faut tout de même reconnaître que Plague Park ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable. Certes, cet effort de 2007 permettait de jauger l’impact de Boeckner sur Wolf Parade mais il ne suscita guère d’enthousiasme dans mon chef : trop complexe dans les compositions, trop lo-fi dans la production, tout simplement trop rêche à l’écoute. Après pareille désillusion, il est clair que l’on n’attendait rien de Face Control et, comme cela arrive de temps à autre, ce sont des disques dont on attend le moins que sortent les meilleures choses. Evoluant toujours en tandem avec sa compagne Alexei Perry, Dan Boeckner s’est montré particulièrement inspiré sur ce coup-ci : guitare incisive, boite à rythmes minimale et claviers de circonstance viennent soutenir l’urgence du chant de notre homme. En soi, la formule n’a guère changé sur papier mais les compositions sont mieux ficelées, moins abruptes alors que l’ensemble gagne en cohérence. À la fois martial et névrotique, ce disque s’écoute d’une traite, nous faisant sombrer en près de 30 minutes sous sa rythmique implacable.
Pour avoir écouté l’intégralité de la production (ou du moins celle qui est parvenue sous nos latitudes) de la clique Wolf Parade, Face Control est tout simplement l’une des meilleures surprises depuis Apologies To The Queen Mary. C’est dire la qualité d’un opus à conseiller aux réels amateurs de rock indie. Ne vous y trompez pas, on ne vous vend pas là un simple succédané de Wolf Parade mais une pièce maîtresse composée par l’un de ses cerveaux. Quant à l’autre (cerveau), il ne lui en faut pas davantage pour se signaler, voilà que le nouveau Swan Lake vient à son tour d’arriver. On n’a donc pas fini d’en parler.