fabric 82
Art Department
Quand on me parle d'Art Department, il me vient instantanément à l’esprit cette vidéo de 2010 enregistrée à une after du Detroit Electronic Music Festival. Une pièce pleine à craquer de gays et de clubbers drogués, avec de la bonne deep house pour ambiancer ce joyeux bordel et Seth Troxer pété à on-ne-sait-trop-quoi qui se fait littéralement dessus en entendant « Without You » tandis que les gars de Soul Clap se bidonnent derrière. Ce genre d’images correspond bien à l’idée que je me fais de la soirée idéale, même si au bout du compte mes nuits de clubbing sont très conventionnelles et très hétérosexuelles. Soit.
Dans les cinq années qui ont suivi, les gars d'Art Department se sont bâtis une très solide réputation et une fanbase conséquente, même si leur dernier album en date, Natural Selection, nous aura un peu indifféré là où The Drawing Board nous avait bien fait tripper avec le genre de deep house « que l'on entend quand l'air se fait liquide, le t-shirt collant, que la condensation fait couler le plafond. » De plus, avec une crédibilité tant auprès de l’internationale hipster que du fan consciencieux de musique électronique ou de ton cousin qui pense les avoir vu à Tomorrowland y’a deux ans, cela faisait de la paire Jonny White / Kenny Glasgow des candidats de choix pour un petit mix de la série Fabric. Saut que Kenny Glasgow vient de se faire la malle et qu'Art Department n’est donc plus l’affaire que d’un seul homme. Et qu’on peut donc imaginer ce mix comme un petit cadeau fait par le club londonien à un peye qui a besoin de relancer une machine que certains imaginent malmenée.
Pourtant, n’ayez crainte: Art Department va bien. Et si Jonny White claironne un peu partout que le projet Art Department va explorer de nouveaux territoires, prendre de nouvelles formes, la métamorphose, ce sera pour plus tard. Sur ce fabric 82, le natif de Toronto s’inscrit dans cette veine deep-house qui a permis à Art Department d’être élevé au rang d’incontournable d’une scène, aux côtés de gens comme Âme, Guy Gerber, Jamie Jones, Seth Troxler ou le patron Dixon. On savait que le duo aimait les basslines qui peuvent se boucler à l’infini, les claviers trempés dans la kétamine et les gimmicks vocaux qui foutent la chaire de poule. Et c’est exactement ce que nous sert Jonny White dans un mix dont le seul écart par rapport au cahier des charges attendu est le titre de Basic Channel qui ouvre et clôture le mix. Une tentative foireuse et surtout inutile d’ouvrir et boucler les festivités sur une note un peu intello.
Pour le reste, c'est le cahier des charges d'un bon mix de deep house qui est ici pleinement rempli. Il y a ici suffisamment de nouveautés, de bombes qu'on avait loupées l'année dernière (ce remix de Efdemin...) ou de vieilleries qui vont vite devenir des 'personal favourites' (ce titre de Herbert...) pour qu'on y trouve notre compte sans vraiment se forcer. Et puis on ne peut s'empêcher de penser que ce mix est typiqyement le genre de sélection classique qu'y s'ignore. De celles qu'on trouve assez anodine aux premières écoutes, mais que l'on ne peut s'empêcher de ressortir à intervalles très réguliers. Le genre de truc qui nous est arrivé avec une autre sélection estampillée house pour la Fabric, celle du daron Mark Farina. Bref, il n'est pas exclu que ce 7/10 mérite d'être rapidement revu à la hausse...