Fabric 57
Agoria
Depuis quelques mois, Agoria est sur tous les fronts, que ce soit dans les clubs du globe qu'il arpente inlassablement, avec son label InFiné ou pour le compte d'autres nobles institutions, en l'occurrence la Fabric, pour ce nouveau chapitre de l'impressionnante série des sélections mixées orchestrée par le club londonien. Et pour le coup, on espère ne pas vivre avec ce Fabric 57 la même expérience qu'avec son récent effort en solitaire. En effet, le Impermanence du Français nous a laissé un petit goût de trop peu dans la bouche, du moins au regard des attentes énormes qu'il avait généré. Déjà adeptes des productions d'Agoria, nous considérons le bonhomme comme l'un des tous grands DJ modernes, dont l'impeccable travail fait des ravages tous les weekends en boîte ou s'inscrit plus durablement dans le temps par l'entremise de compilations impeccables, comme cet indispensable At The Controls de 2007. Aussi, il nous aurait été difficile de voir Agoria enchaîner avec une nouvelle prestation en deçà de son niveau. Il n'en est heureusement rien.
Si la qualité est au rendez-vous, une mise en garde s'impose: que ceux qui recherchent un mix tape-à-l'œil qui balance de la track juste pour le plaisir de faire beugler du clubber en pleine montée passent tout de suite leur chemin. En même temps, Sébastien Devaud ne nous a jamais habitué à ce genre de futilités, et ce n'est pas ici que cela va commencer. Comme à son habitude, le Français opte pour une sélection élaborée avec minutie, dont la qualité principale est plus que probablement la fluidité. En effet, en une petite heure de mix impeccablement effectué, on peine à ressentir les enchaînements, preuve évidente du talent d'un type qui, comme à son habitude, vogue habilement entre techno de Detroit et house minimale. Et pour le coup, plutôt que de vous parler d'une track qui ferait plus plaisir qu'une autre, on célèbre ici l'effort dans sa longueur, évidemment magnifié par la présence de gens comme Mark E, Moritz Von Oswald, Carl Craig, Clara Moto ou Agoria himself, quand ce n'est pas la voix cristalline d'une Ella Fitzgerrald ou le jazz expérimental de Sun Ra, ici présents en filigrane, qui en remettent une couche.
Festif mais pas trop et cérébral sans jamais donner dans l'élitisme rébarbatif, ce Fabric 57 dévoile ses nombreux charmes avec une certaine humilité qui fait penser que cette sélection pourrait bien passer les saisons sans prendre trop de rides.Une compilation à l'image de son géniteur, très certainement...