Evertything Is Forgotten
Methyl Ethel
Le gros point fort du premier album de Methyl Ethel, c'était son songwriting, preuve évidente d'une bonne digestion de pas mal de codes de la musique indé post-2000's. Son point faible : c'était sa propension à joliment singer plein d'autres groupes qui font battre les cœurs du public cible de Pitchfork et de Stereogum - MGMT, Animal Collective, Beach House, Deerhunter ou leurs compatriotes de Tame Impala se faisaient gentiment pomper. Mais les forces du groupe australien compensant largement sa tendance à diluer son talent dans d'autres personnalités, celui-ci s'est offert le luxe d'une signature sur 4AD, le légendaire label anglais qui partage aujourd'hui avec XL Recordings une forme de monopole sur la musique indie - un monopole d'autant plus puissant qu'avec Matador, Rough Trade et Young Turks, ils sont réunis sous la bannière Beggars Group. Aujourd'hui, c'est donc avec une vraie visibilité mais aussi de vraies attentes que débarque Methyl Ethel. Et premier constat plutôt agréable, le groupe a décidé de revoir sa copie sur cet album qui porte finalement bien son nom. En effet, là où le premier disque voyait sa crédibilité fragilisée par versatilité, Everything Is Forgotten prend le pari de repartir d’une feuille plus ou moins blanche, de poser des choix clairs, et de solidifier les fondations sur la durée. Impossible de se paumer cette fois : Methyl Ethel a les yeux rivés sur la ligne d’arrivée et se donne les moyens pour y parvenir. Se dégage alors d’une telle approche un vrai plaisir d’écoute pour l’amateur du long format qui pense moins à pondre de bons singles qu’un bel album. Qu’on se rassure : on retrouve toujours du Beach House et du Tame Impala chez Methyl Ethel, mais désormais totalement maîtrisées, ces influences sont utilisées par le groupe pour se forger une identité propre. Celle-ci n'est pas encore totalement définie certes, mais on sent la volonté réelle d'aller vers quelque chose d'encore plus personnel et spécial. En d'autres termes, Everything Is Forgotten résonne comme un vrai départ pour le groupe, toujours obsédé par la mélancolie, mais conscient que celle-ci gagne à s’exprimer dans de jolis écrins pop.