Ephemeral Exhibits

Starkey

Planet Mu – 2008
par Simon, le 25 février 2009
7

Le dire ne ferait qu’enfoncer le clou : Planet Mu est bel et bien devenu la plaque tournante des artistes dubstep les plus étranges et les plus excitants. Alors que je vous parlais récemment de l’indispensable premier album d’iTAL tEK, le label anglais attaque à nouveau avec sa dernière trouvaille, Starkey. Chose assez rare pour être soulignée, le label ouvre ses portes à un producteur en provenance d’outre-Atlantique - Philadelphie plus précisément. Compte tenu de la relative rareté de ce genre musical aux States, on comprend  tout de suite mieux son statut de superstar au moment de jouer son dubstep enflammé.

Le cas Starkey est délicat à débattre à en regarder la diversité musicale proposée dans les douze titres qui composent cet Ephemeral Exhibits : bien qu’entièrement immergé dans le dubstep au sens strict du terme, Starkey touche à toutes les franges du genre, du dancefloor le plus sauvage aux rêveries les plus douces. Un seul point commun à cet éclatement des genres, le recours à des synthés dégoulinants de peinture fluo, véritable marque de fabrique qui transforme cet album en une machine digitalisée à l’extrême, un produit hi-tech qui étonne de prime abord par son extravagance presque 8-bit. Mais le plus appréciable avec Starkey est sûrement cette capacité à alterner bombes dancefloor et mélopées plus posées (bien souvent dans le même titre) sans jamais perdre une once de cohérence.

Côté pile, on découvre un producteur armé jusqu’aux dents de claviers ravageurs et de basses assourdissantes, s’agitant sans cesse derrière ses platines pour proposer un son puissant et pourtant toujours glam. Starkey n’est jamais loin des effusions fluo de Rustie ou de Joker, s’acoquinant parfois avec les claviers libertins et saturés de Caspa et Rusko. Côté face, notre producteur s’écarte de ce « dancefloorisme » décomplexé pour se plonger dans une matière plus détendue, plus à même de faire rêver l’auditeur. Gardant aux creux de ses reins les claviers colorés qui sont les siens, Starkey dépouille ses productions pour n’en garder que l’essentiel. Dès lors plus proche musicalement d’un Burial ou d’un Pinch, Starkey entame ici sa véritable prise de risque, réussissant globalement à entrer dans les recoins de notre imaginaire au moyen de voix soul, de beats ordonnés et de claviers apaisés en sous-bassement (avec un final assuré par le tubesque « Spacewalk », hymne techno déglingué).

Pas de doute, Ephemeral Exhibits tape fort d’entrée de jeu, car si on lui pardonne ici et là quelques erreurs de jeunesse, cet album fait surgir une patte unique au beau milieu de l’effervescence dubstep actuelle. Assez singulier pour plaire au non-initié et assez ancré dans les fondements du genre pour séduire les fans les plus aguerris, Starkey réussit un beau coup de filet avec ce premier album détonnant. Rien de bien étonnant pour le label anglais en définitive, à voir le professionnalisme dont il fait preuve en la matière depuis plusieurs années maintenant.