EP2
Pixies
C’est l’histoire d’un braquage, d’une arnaque. Non pas que quiconque soit dupe, mais il est parfois bon d’appeler un chat un chat. Ces quatre titres, on nous les présente donc comme le deuxième EP des Pixies ressuscités et osant enfin, après dix ans de tournée de reformation, se risquer à pondre quelque chose. On soulignera au passage que dans la série des reformations, il y en a qui auront quand même été nettement moins prolixes et auront su prendre plus de risques ou du moins exister pour faire de la musique et non pas en faire uniquement pour payer les factures. Alors oui, on pourra arguer du fait qu’en leur temps les Pixies n’ont jamais eu le succès mérité, que Nirvana les a pillés, qu’ils étaient là trop tôt et qu’ils ont semé les graines dont l’indie-rock des 90's a récolté les fruits bien mûrs et bien juteux quand Frank Black s’embourbait dans une carrière solo que la majorité aura préféré ignorer.
Attention toutefois, votre humble serviteur ne fait pas partie de ces frustrés qui ont passé les deux dernières décennies à cracher sur la carrière du chanteur américain à l’époque où il décida de changer de patronyme et de s’envoler pour une carrière solo riche et quasi exempte de déchets. Mais quand même. Qu’on ne vienne pas nous faire croire que l’on peut mettre sur une même étagère Bossanova et EP2. Un Jean-Patrick Manchette et un Fred Vargas. Une trappiste belge et une 1664 brune. Du génie à l’état brut et de la B-side peu inspirée. Où est l’urgence ? La magie ? La violence ? La beauté sauvage ? L’émerveillement sonore ? Ne cherchez pas, vous n’en trouverez pas. En lieu et place de cela, vous aurez trois chansons assez agréables à écouter mais sans aucune mesure comparables à n’importe quel titre de la discographie historique.
Pour être plus explicite, ça n’a pas la couleur des Pixies, ça n’en a pas l’odeur, ni le goût, mais juste l’emballage (enfin ce qu’il en reste depuis le départ de Kim Deal). Et même si ce EP2 est, hormis son premier single, de bien meilleure facture que le premier, rien à voir avec un quelconque morceau des Lutins, ni de près, ni de loin, ni même dans le noir et le brouillard. C’est triste à dire, mais force est de constater que notre bon vieux Franck a tout simplement choisi un nouveau backing band pour sa carrière solo et que c’est sûr que ça rameute plus de monde aux concerts et plus de pièces dans le tiroir-caisse quand on appelle celui-ci Pixies.