EP
Perfect Angel at Heaven
Autant capter votre attention d'entrée de jeu : oui, Perfect Angel at Heaven est le genre de formation qui provoque des rêves mouillés chez les critiques en manque de "vrai rock". Pour faire simple, disons que le power trio de l'Indiana suinte la réminiscence des années 80 et 90, avec ses riffs à la Sonic Youth qui cotôient la sensibilité de Dinosaur Jr. et des structures quasiment math-rock qui vont foutre des papillons dans le bide de tous les fans de Drive Like Jehu. Perfect Angel at Heaven donne certes dans le "couplet-refrain-couplet" tout ce qu'il y a de plus classique, mais s'assure que chaque élément constitutif se différencie de son prédécesseur. Le morceau d'ouverture, "Pyramid", accompagne ainsi sa montée en puissance finale de "ooh-oohs" accrocheurs, ce qui offre un contrepoint mélodique parfait aux couplets précédents qui se basaient surtout sur l'efficacité des riffs. Lorsqu'un tel sens du détail est renforcé par une excellente production et une capacité à magnifier les variations, cela donne une expérience enrichissante à tous les niveaux. La sensibilité dont est capable le groupe, elle transparaît également dans les paroles et les thèmes abordés sur l'EP - l'aliénation apportée par les conditions capitalistes, et la dualité entre le fait de se sentir à la fois béni et maudit par son environnement, sont proclamées avec des paroles cryptiques qui appellent davantage à l'action qu'à la résignation. Le duo vocal traduit cet esprit vindicatif en montrant qu'il sait quand il doit opter pour une livraison nuancée, et quand il doit s'écorcher les poumons. Le seul problème de cet EP, outre son nom paresseux, est sa brièveté : on en veut plus, et vite, car très peu de groupes aujourd'hui parviennent à capturer ce mélange de guitares bruyantes, de groove inébranlable et d'approche résolument résiliente.