Endless Now

Male Bonding

Sub Pop – 2011
par Michael, le 6 décembre 2011
7

La power pop n’est pas morte, n’en déplaise à ceux qui voudraient réduire la musique indé à du folk de barbus geignards et à de la chillwave d’étudiants en première année d’arts appliqués. En tous cas, c'est ce qu’il en ressort à l’écoute de ce Endless Now des trois Britanniques de Male Bonding. Alors oui, ils n’ont pas inventé le fil à couper le beurre, oui on les croirait sorti d’un clip des Lemonheads circa 1994, et pourtant, voilà un trio qui se pose en digne héritier des Posies et des Fountains Of Wayne, dans une version plus râpeuse. Ils n’ont certes pas le génie mélodique des premiers ni le sens du tube immédiat des seconds mais possèdent toutefois un sens certain de la mélodie solaire qui faisaient le bonheur des college radios durant les années 90.

Le jeu de guitare est rudimentaire, parfois punk, et on a un peu l’impression que le batteur ne connaît qu’un seul rythme, le « je penche la tête en avant et je frappe tout ce que je peux ». Mais il y a quelque chose qui élève cette musique d’une simplicité qui pourrait facilement rimer avec facilité vers quelque chose d’autre. Les voix et les mélodies de John Arthur Webb et de Kevin Hendrick ont un côté aérien et  juvénile, un effet renforcé par la reverb et une discrète et subtile production signée John Agnello (Dinosaur Jr, Kurt Vile, Sonic Youth, Madrugada, The Walkmen…). Le décalage créé se révèle certes un peu curieux de prime abord: on se dit que le chanteur n’est pas dans le coup ou qu’il a pris trop de lexomil avant de faire ses prises de chant. Mais après deux ou trois minutes, l’aspect traînant et slacker du phrasé et des timbres de voix tisse des mélodies cotonneuses et insidieuses.

On se passe alors Endless Now une première fois en se disant qu'il n'a franchement rien d’exceptionnel. Et puis voilà que l’album repasse une deuxième, puis une troisième fois d’affilée dans le lecteur. Male Bonding applique donc dans ce deuxième album le théorème musical de la cacahuète, à savoir : on commence par deux, et on se retrouve vingt minutes plus tard en ayant fini le paquet sans trop savoir comment.

Le goût des autres :