En Kötü Iyi Olur
Lalalar
La même chose en mieux ? C'est le genre de phrase que l'on a toujours un peu peur d'écrire, mais c'est bel et bien ce que Lalalar fait avec leur second album, arrivé à peine un peu plus d'un an après le premier. Très réussi, ce dernier consistait malgré tout essentiellement en une compilation de leurs singles égrainés depuis fin 2019, avec une maigre poignée d'inédits pour le fan de la première heure. Pas de quoi bouder son plaisir, tant la formule du trio stambouliote est extrêmement efficace.
Et celle-ci est renouvelée sur ce second disque : une basse irrésistible en guise de colonne vertébrale, des kicks électroniques acérés, et des riffs massifs agrémentés de samples de musique anatolienne dont le traitement fait immédiatement passer Altin Gün pour des rétrogrades. Le tout donne une ambiance mi-rock mi-club intense et vaporeuse, où la voix souvent en parlé-chanté du leader Ali Güçlü Şimşek (tout en turc) sert de guide. Celui-ci est toujours épaulé du guitariste Barlas Tan Özdemek (les deux compères sont également derrière l'excellent album de leur compatriote Gaye Su Akyol), tandis qu'on observe un changement de personnel aux machines, Alican İpek prenant la place de Kaan Düzarat.
La raison de ce changement est peut-être liée à un élément notable avant même l'écoute, et symbolique de l'ambition du groupe : la durée de l'album. Celui-ci reste en effet sous la barre des 40 minutes, contre 1h10 pour le disque précédent. Le signal est clair : le groupe veut être plus ramassé, plus efficace, pour toujours mieux s'exporter. Se devine presque en creux l'idée que le premier album faisait plus figure de récapitulatif, voire de carte de visite, pour rapidement passer à cette deuxième étape. Aux choses sérieuses, quelque part.
Car cette envie d'efficacité ne se ressent pas juste dans la durée du disque. Sur les neuf titres de l'album, seuls une poignée réduisent (un peu) le tempo. Et aucun ne relâche la tension. Chaque son semble pensé pour produire une excitation maximale, dans une production encore plus poussée que dans le premier disque. En découle un sentiment d'urgence donnant lieu à des moments hallucinés comme le final de « Grejuva » ou la totalité de « Göt ». Vocalement, Şimşek se fait également plus démonstratif, à l'image du refrain de « Aynı Bokun Mavisi ». Un autre résultat du format raccourci donne d'ailleurs une nouvelle qualité à ce disque : l'envie de le relancer à peine fini, là où le premier frôlait l'indigestion.
C'est ainsi que, déjà bien pourvu en la matière, le trio se dote de nouveaux tubes qu'on a hâte d'entendre en live, à commencer par l'impeccable single « Hem Evimsin Hem Cehennemim ». Il contient en lui seul cette ambition de faire de la musique turque autre chose qu'une belle carte postale, mais bien le moteur de la musique de demain. Et il faut bien admettre que Lalalar est probablement la formation rock la plus excitante du moment.