Empire
Kasabian
Dans le genre groupe à grand gueule, Kasabian se pose là. Révélation surprise de l’année 2004 avec un premier album éponyme franchement excellent, les quatre Mancuniens ont, depuis lors, multiplié les déclarations belliqueuses avant la sortie de ce nouvel opus, dénommé Empire, qui ne laisse rien cacher de leurs ambitions mégalomaniaques : tout ravager sur leur passage, conquérir l’Europe, puis le monde, et en faire leur… empire, en tentant de ravir la place qu’occupe Oasis. Enfin, occupait… il y a dix ans ! Mais nos amis ont-ils réellement les moyens de leurs ambitions ?
Emmené par deux premiers titres en forme de gros coups poings dans la face (une droite, une gauche), Empire se dégonfle pourtant assez rapidement et ne laisse pas un très grand souvenir en bouche. Car, malheureusement pour lui, les neuf pistes suivantes souffrent assez mal de la comparaison avec "Empire", la chanson, et "Shoot the Runner", deux titres tout droit dans la lignée des désormais mythiques "Club Foot" et "Lost Souls Forever" sur le premier album. Deux chansons au rythme martial et au son puissant, typiques de Kasabian, finalement.
Et c’est là que le bât blesse : Empire, l'album, est globalement assez répétitif au regard du premier, à tel point qu’il fait un peu figure de copier / coller sans grande inspiration. L’esprit Madchester avec lequel renouait le premier album est toujours bel et bien là, certes. Ce bouillonnement musical ("Apnoea"), cette fusion entre l’electro, le rock et les cordes orientales, réussissent encore à attirer l’attention ("Sun Rise Light Flies"), et on sait gré au groupe d’avoir poussé un peu plus dans cette veine ("Seek & Destroy", plus électro que les autres). Mais l'effet de surprise a clairement disparu et l'effet de recette n'est quant à lui plus très loin. Et quand le groupe tente quelques incursions dans des domaines qu’on lui connaît peu (douce "British Legion", très Lennonienne, "The Doberman", assez Stereophonicsienne), on se dit que ce n’est pas forcément ce que l’on attend de lui.
Au final, Empire n’est pas un album pas si désagréable que cela, surtout quand on a aimé son prédécesseur, mais il déçoit assez, au bout du compte. En fait, sans les deux premiers titres, et surtout sans "Empire", peut-être le single de l’année, on n’aurait pas donné cher de la peau de cet empire... d’essence un peu frelatée.