Electric Lady Sessions
LCD Soundsystem
C’est toujours compliqué de dire du mal d’un groupe qui nous a tant fait rêver. C’était déjà la déprime au moment de parler de la dernière bouse de Weezer, ça l'est tout autant au moment d'évoquer les Electric Lady Sessions de LCD Soundsystem. Pas de surprise pourtant : avec American Dream, LCD Soundsystem avait déjà démontré qu’ils n’avaient plus rien de neuf à proposer, même si quelques titres arrivaient à capter notre attention. Là où This Is Happening souffrait de grosses redondances heureusement rattrapées par de formidables singles, American Dream ne devait sa replay value qu’au plaisir de retrouver la troupe après une improbable séparation en 2011. Une séparation qui, finalement, avait au moins eu le mérite d’arrêter les frais sur une bonne note.
Qu’on se le dise : ce n’est pas avec ce disque que la troupe va raviver la flamme. LCD Soundsystem semble destiné à pantoufler, à recycler ad nauseam ce son qui les a fait connaître en 2005, et qui n’a subi aucune évolution depuis. À ce titre, on se demande bien comment un album live enregistré dans des conditions de studio (et quel studio) pourrait ressembler à une bonne idée, vu la piètre qualité de leur petit dernier. Et à la vue du manque d’emballement global qui a entouré l’annonce, on a l’impression que l’initiative ne motive pas grand monde en dehors de la troupe new yorkaise qui, elle, se montre plus enthousiaste à l’idée de rejouer quelques morceaux de bravoure de son back catalogue - même si, là encore, dès qu’il s’agit de piocher dans American Dream, la bonne volonté ne suffit plus. Alors on patauge : on rejoue quelques tubes douze ans d’âge, comme "Get Innocuous" (déjà présent sur des London Sessions enregistrées dans des conditions similaires) ou "You Wanted A Hit" histoire de faire plaisir aux vieux fans. Puis on s’engouffre surtout dans un long tunnel de morceaux tous un peu mous et quelconques, voire assez chiants dans certains cas. Ajoutez à cela des reprises un peu paresseuses de Chic ou Human League histoire d’offrir un peu d’inédit entre deux titres joués sans grande conviction, et vous aurez une petite idée du désintérêt que suscitent chez nous ces Electric Lady Sessions, qui écornent un peu plus encore la réputation d’un groupe même plus capable de jouer sur son statut de grosse machine du live pour compenser son manque d’inspiration flagrant.
Finalement, on n'a que ce qu’on mérite : à trop vouloir que nos groupes préférés reviennent sur le devant de la scène, on en oublierait presque qu’ils prennent parfois leurs distances pour de bonnes raisons. On est désormais convaincus qu’il n’y a plus rien à attendre de LCD Soundsystem, et on leur souhaite sincèrement de vaquer à de plus saines occupations. Rien ne nous ferait d'ailleurs plus plaisir que James Murphy s'implique à nouveau réellement dans DFA Records, ou qu’il donne son talent, ses bonnes idées et son énergie à des projets comme Despacio, le soundsystem qu'il a créé avec Stephen et David Dewaele de Soulwax. Car à trop vouloir prêcher pour sa paroisse, on en vient à se demander si on veut continuer à engraisser le mammouth quand on le sait capable de tellement mieux.