Ed Rec Vol.2
Various Artists
Plus que jamais en matière de musiques électroniques, les labels se livrent à une course à l’armement sonore le plus perfectionné, le plus « dans le mouvement ». Plus que de simples étiquettes collées sur leurs protégés, ils se révèlent, pour certains comme de véritables institutions (pensons à Kompakt Records par exemple) véhiculant la bonne parole musicale aux quatre coins du globe. Cette concurrence, aussi redoutable que silencieuse, amène aujourd’hui de jeunes structures sur le devant de la scène. Rien ne pouvait mieux illustrer mon propos que la compilation qui est ici chroniquée, car en effet, Ed Banger, jeune label fondé et dirigé de main de maître par Busy P alias Pedro Winter (ancien manager des Daft Punk), est en train de faire sa petite révolution musicale alors que ce label a émergé il y a seulement...4 ans !! C’est en véritable fer de lance de la nouvelle scène electro, que le label impose son art à tout qui veut l’entendre.
Alors Ed Banger c’est avant tout un son, mais un son qui ravage tout ce qu’il frôle ; en effet, à moins d’avoir vécu reclus dans des coins reculés, il est difficilement concevable de ne pas avoir eu connaissance des exploits des deux frères de Justice, de Dj Mehdi ou encore de la belle Uffie. Connus pour leurs prestations dantesques sur scène, on peut donc se demander qui peut actuellement tenir tête au label le plus hype du moment (et c’est peu de le dire).
Ed Banger, c’est aussi le renouveau, celui d’un son « daftpunkien » époque Homework dans une version anarcho-discoïde, un revival des maxis à la Roulé (label de Thomas Bangalter dont le style a taillé dans le roc une nouvelle manière de penser l’electro) qui fait la part belle à toute une génération de jeunes auditeurs dont le cerveau avait été grillé par des titres aussi énormes que novateurs de la part de nos deux robots préférés.
Ed.rec vol.2, c’est donc une compilation des derniers méfaits des sales gosses d’Ed Banger records qui proposent 14 titres totalement inédits (sauf pour les adeptes des myspace ou du p2p). Tout ce joyeux bordel commence par une intro bien sentie de la part de Mr. Oizo présentant les protagonistes sur un fond musical typique du monsieur. On comprend directement dans quel univers on va évoluer au cours de cette grosse demi-heure : décadent, extravagant et résolument excitant. Vient le tour d’Uffie et son rap décalé de prendre le maquis, telle une garce se moquant du monde, elle désacralise les petites princesses de la pop en se jouant des conventions tout en imposant une belle dose de sensualité. La galette enchaîne directement sur des tueries plus énormes les unes que les autres qui ne laissent derrière elles qu’un sentiment d’absolue maîtrise du groove, de la mélodie qui prend aux tripes : le terrible "Phantom" (Justice), l’electro-rock crasseux des Krazy Baldhead, la claque digitale de Feadz, mais également le redoutable remix des Anglais de Klaxons par So Me (cette sirène d’incendie est carrément obsédante !), et cette liste semble loin d’être exhaustive.
Certains titres plus courts calment le jeu faisant office d’interlude pour nos oreilles déjà bien meurtries et viennent donner un bol d’air à une œuvre, ma foi, plutôt redoutable. Mention spéciale au "Rainbow Man" de Busy P. qui nous délivre la bombe ultime de cette galette, un electro rock furieux qui vous ferait passer Tiga pour un acolyte boutonneux.
Petit bémol néanmoins, il est parfois difficile de cerner les différentes personnalités de ces artistes tellement l’entité du label prime sur leurs productions, mais nous ferons fi de ce détail tant le contenu général est impressionnant.
Vous l’aurez compris, on tient là un disque direct et nerveux, ambassadeur d’un label qui saura indiscutablement se tailler la part du lion dans les mois à venir quand on sait que les premiers formats longs de ces différents artistes sont programmés pour les beaux jours qui arrivent (que demande le peuple ?). L’été sera Ed Banger ou ne sera pas.