Eclipse
Twin Shadow
En fait, la chronique de ce disque pourrait être celle de tous ces artistes qui, après deux albums bien accueillis, se font signer dans une major (Warner dans le cas d'espèce) et se plantent en essayant de toucher la masse.
On va être honnête, la première fois que j’ai écouté Eclipse, je n’ai pas pu dire pourquoi je n’aimais pas l’album. Ou plutôt, pourquoi je ne l’aimais pas alors que j’avais beaucoup apprécié Confess, sorti en 2012 sur 4AD. Pourtant, si on ne regarde pas de trop près, il n’y a pas une grande différence entre les deux disques: on est toujours face à des morceaux à la composition très efficace, aux arrangements 80’s entre claviers et guitares, et à l’interprétation grandiloquente.
Du coup, j’ai ré-écouté Confess, et j’ai compris: le problème d'Eclipse, c’est qu’on ne croit plus à l’honnêteté de George Lewis Jr. en 2015. L’album est mieux produit, l’écriture est simplifiée mais de bonne facture, et on ne peut rien reprocher à l’interprétation. Et pourtant, ce troisième effort transpire l’intention commerciale. Vous savez, ce moment où vous vous dites qu’il n’a pas été fait pour autre chose que pour finir sur les ondes FM avec ces violons un peu trop putassiers, ces voix un peu trop trafiquées. Il n’y aurait rien de mal à cela, si cela ne se traduisait pas ici par des émotions qui n’y sont plus. Il ne reste alors que la même soupe pop qui nous est déjà servie par des artistes interchangeables, au sujet desquels on n’a en fait rien à dire.
Et c’est pour cela que cette chronique a tardé: il n’y a en fait rien à dire sur ce disque. Si ce n’est que si vous êtes sensible à l’émotion exaltée en pop FM, ce Eclipse ne réussit pas à égaler Hapinness de Hurts, qui a le mérite de ne pas prétendre être autre chose que ce qu’il est en réalité. Bref, un coup dans l’eau, qui explique le relatif silence autour de cette sortie pourtant attendue.