Dye It Blonde
Smith Westerns
Il y a deux ans, les Smith Westerns émergeaient de la mode lo-fi/garage pop du moment et nous sortaient un album éponyme plutôt sympathique, même s'il ne sortait pas du lot de ce qui se faisait dans ce style à ce moment-là (Thee Oh Sees et autres Ty Segall). C'était un peu le genre d'album qu'on écoute une fois, puis deux, et enfin une troisième pour la forme, et qu'on oublie au fond d'un disque dur ou d'une étagère débordante de CD du même genre, pour ne jamais le ressortir. Cela dit, on pouvait les attendre au tournant pour ce second opus. La mode garage a un peu lassé entre temps, et il semble qu'il se fasse moins de bonnes choses de ce côté-là. Même les prolifiques Thee Oh Sees ont un peu usé leurs guitares et leur son et nous ennuient un peu sur leurs nouvelles productions. Mais, c'est là que les Smith Westerns ont l'intelligence de revenir en 2011 avec un son nouveau, un peu nettoyé à la Wavves (un peu de javel est passé entre leur premier album et le propret et catchy King of the Beach). Premier détail remarquable donc, les Smith Westerns ont poli leur son, c'est moins fouillis, plus joliment amené, plus aéré et aussi en un sens plus "propre" et donc par un raccourci un peu (voire très) facile, plus "pop".
On ne rigole plus. Les Smiths Westerns sont signés sur le label Fat Possum (label de Wavves, justement, et d'autres sensations du moment comme Tennis, Yuck ou Sonny & the Sunsets) et à la production on retrouve Chris Coady, qui a déjà travaillé avec plusieurs illustres noms de la scène indé, dont Blonde Redhead, Yeah Yeah Yeahs ou Gang Gang Dance. Ce disque sent donc d'abord une sorte de maturité gagnée et un certain sérieux, plutôt absent du précédent opus. C'est toujours la fête entre copains, mais avec de la bière moins cheap et plus dans le garage de mémé. Certains morceaux étonnent par la présence de nouvelles influences (on peut penser aux Beach Boys), par des petites touches 90's qui vont bien, et aussi par une recherche mélodique beaucoup plus poussée qu'auparavant. "All Die Young" et "Fallen In Love" sont de belles chansons pop fouillées, réfléchies, écrites en plus d'une soirée, qui font vraiment plaisir à entendre. Ils assument avec beaucoup de désinvolture ce revirement vers une pop très catchy qui reste en phase avec l'essence des Smith Westerns. Qu'ils ne nous ressortent pas du garage dégueu façon été 2009, c'est la bonne nouvelle de ce début d'année 2011. Voir un groupe se servir avec intelligence des possibilités qu'offrent une bonne production et un enregistrement propre, sans tomber dans le déjà-entendu formaté, ça met du baume au cœur en plein mois de janvier. L'album ne tombe pas non plus dans le piège de l'inégalité, et c'est aussi sa cohérence qui fait sa force, il s'écoute d'une traite avec beaucoup de plaisir et de facilité. Difficile de ne pas penser aux Beatles pour la voix légèrement candide et le travail apporté à la mélodie. "Shine" nous fait réviser l'histoire de la pop en une leçon, avec les choeurs, la guitare en mode pédale wah wah et même le petit pont à la guitare acoustique, avec la basse et le piano qui reviennent en force pour une fin sur un solo de guitare électrique. Mais une petite leçon de musique, ça ne fait pas de mal.
Bref, "Dye in Blonde" est un album sacrément agréable pour commencer l'année 2011. On espère qu'il survivra aux trois écoutes réglementaires, et qu'il squattera la platine, le ipod ou les enceintes pour un petit moment.