Dumb Flesh
Blanck Mass
L’année 2014 ayant été particulièrement chargée pour les gars de Fuck Buttons, une certaine forme de pause était tout à fait méritée, vu les nombreuses sollicitations consécutives à la sortie du très bon Slow Focus. Et par pause, on entend ici la possibilité de vaquer à leurs occupations chacun de leur côté. Pour un résultat qui ne manque pas de surprendre, qu’on parle d’Andrew Hung ou de Benjamin John Power.
En effet, le premier cité a temporairement quitté le circuit de la grande distribution pour nous pondre un EP intégralement réalisé sur Gameboy. Quant au second, après un premier album très aventureux sur le label Rock Action des Écossais de Mogwaï, il a été l’objet d’un des gros transferts du mercato musical de 2014, puisqu’il a atterri sur le label new-yorkais Sacred Bones Records. Une traversée de l’Atlantique qui, si l’on y réfléchit un peu, fait sens pour toutes les parties intéressées. Prenez Sacred Bones. Après plusieurs années à truster les sphères rock, la structure a progressivement élargi son portfolio, par exemple en sortant le nouveau John Carpenter. Quant à BJP, on comprend qu’il ait difficilement résisté à l’appel du pied lancé par un label désireux de se diversifier. Par contre, là où l’on tique, c’est quand on le voit rejoindre une maison d’habitude très exigeante avec sous le bras des titres qui sont beaucoup plus accessibles que ce qu’il nous refourguait en 2011.
Après, n’allez pas croire que l’Anglais a viré dubstep-pouet-pouet ou EDM-caca-prout. Par contre, on s’étonne presque de le voir livrer une musique qui s’inscrit dans le droit fil des dernières productions de Fuck Buttons, là où son premier album, sous l’alias Blanck Mass, avait plutôt tendance à évoquer les comparaisons avec les premiers travaux du groupe, résolument plus abrasifs et audacieux (on pense évidemment à Street Horrrsing).
Avec Dumb Flesh, on est dans une musique qui recycle le côté dansant des meilleurs singles de FB, tire avec intelligence les ficelles maximalistes déjà explorées sur Taro Sport et Slow Focus et impose une dimension presque didactique pour le fan de musique « indé », à la recherche d'une porte d’entrée idéale vers des objets plus couillus ou obliques. Dans cette masse bouillonnante de collages vocaux et de beats frontaux, Benjamin John Power s’en sort avec les honneurs. Mais à trop vouloir singer Fuck Buttons, à trop recycler des recette déjà connues, il ne prêche plus trop pour sa paroisse. Après qu'il signe sa musique sous le nom de Blanck Mass ou sous celui de Fuck Buttons, on vous avouera qu'on s'en bat un peu les steaks, tant que la came est bonne. Et force est de constater qu'avec Dumb Flesh, le contrat est rempli.