Drumpoet Community Presents Drumpoems Verse 1
Various Artists
Etant presque exclusivement confrontés aux hauts lieux allemands en matière de house à tendance minimale (Berlin et Cologne notamment), on en oublierait presque que certaines zones du globe un tant soit peu moins populaires peuvent encore rivaliser avec la maison-mère teutonne. Afin d’illustrer mon propos, direction le nord de la Suisse, plus précisément à Zurich où le jeune label Drumpoet Community nous attend avec cette première compilation sobrement intitulée Drumpoems Verse 1. Exit pour une fois les clichés éventuels concernant le pays du fromage et de la lenteur du parler, ce qui fait l’objet de cette chronique est en effet autrement plus sérieux. Pour ceux qui ne verraient pas en ces quelques mots ce dont je veux parler, sachez donc que Drumpoet est la fine équipe du moment, qui ne cesse de monter dans un laps de temps restreint, étendant son « savoir-composer » bien au-delà de leurs frontières helvétiques.
En bon label soucieux de faire les choses correctement, notre petite team présente ici sa première compilation comme un acte de naissance terriblement prometteur au vu des douze titres qui le composent. Et pour l’occasion, Drumpoet Community invite l’auditeur à parcourir une sélection de pistes non mixées, choix légitime pour une présentation en bonne et due forme. On pourra se demander quel événement fut de nature à attirer les lumières sur une entreprise à première vue si modeste ; la réponse est peut-être à chercher du côté de Quarion, pilier de son équipe, et de son titre « Karasu », ayant su se glisser dans une poignée de sélections de qualité (le Dj Kicks de Booka Shade ou encore le Fabric de M.A.N.D.Y) , le propulsant tout naturellement au rang d’incontournable.
Douze titres donc pour confirmer ce statut de meilleur espoir. Et c’est une implacable réussite à en entendre les artistes de ce jeune label : pratiquant une house minimale aux fondations solides, l’équipe présente un talent indéniable de mélodistes virtuoses, tranchant dans la masse grâce à des effusions de claviers tantôt vintage, tantôt taillé dans le bois le plus brut pour un résultat jamais désuet ni léger. On notera également avec un certain plaisir une propension à fricoter avec des accents soul qui amènent encore un peu plus de passion dans ces œuvres déjà passionnantes de grooves éclairés. De léger, nous garderons le souvenir de cette musique volatile et aérienne, pressant de tous les côtés avec une insistance presque frugale, une alliance réussie de finesse et d’autorité. Le territoire semble bel et bien sous haute surveillance, gagnant avec un son identitaire fort une véritable marque de fabrique, à la manière de grands labels de la trempe de M_nus ou encore Freak ‘n’ Chic.
Situation idéale me direz-vous, et vous n’avez pas tort car cette première démonstration (et sûrement pas la dernière) pose solidement les bases premières d’une œuvre en devenir pour ces jeunes artistes (Thabo, Soultourist ou encore Quarion notamment) qui trouvent dans cette écurie une piste étoilée vers les chemins du succès. Un succès qui serait, à en juger par cette galette, un juste retour des choses. Drumpoet Community vient donc de distribuer ici une belle claque pour l’auditeur, en même temps qu’un joli coup de pied retourné dans la fourmilière minimale, pour finalement se positionner comme la meilleure révélation de cette année en cours.