Dreams
The Whitest Boy Alive
Mais qui est donc ce Whitest Boy Alive? Derrière ce pseudonyme intrigant se cache en fait un compositeur dont le talent n'a d'égal que son look de nerd ultime: Erlend Øye. Lors de sa création en 2003, le projet possédait une forte consonance électronique. Il faut dire qu'à l'époque le frêle Norvégien semblait avoir quelque peu délaissé ses escapades débranchées au sein des Kings of Convenience pour s'essayer aux musiques électroniques sous toutes ses formes. On ne s'étonnait alors pas de le voir se fendre d'un DJ Kicks ou de participer au NY Muscle de DJ Hell. Après Unrest, une première escapade en solo en compagnie d'artistes comme Prefuse 73 ou Schneider TM, c'est à Berlin que l'attendrissant binoclard s'est posé en compagnie du bassiste Marcin Öz et du batteur Sebastian Maschat pour concevoir Dreams. Mais alors que les premiers enregistrements de The Whitest Boy Alive étaient placés sous le sceau de l'électro raffinée, Erlend Øye a rapidement délaissé les éléments programmés pour retourner à ses premières amours: une musique simple qui ne s'encombre que de peu de fioritures.
A la croisée des chemins entre ses escapades en solitaire et son travail d'esthète au sein des Kings of Convenience, Erlend Øye et ses comparses se fendent sur les dix titres de Dreams d'une sorte d'électro-acoustique qui, par son caractère délicat et dansant, se révèle rapidement être du meilleur aloi. On connaissait (et aimait) Erlend Øye pour la fluidité et la délicatesse de son écriture au sein des Kings of Convenience et une fois de plus, on est loin d'être déçus. Bien que Dreams soit un disque ambigu en ce sens qu'on ne sait trop s'il lorgne du côté des délires bucoliques pour folkeux en manque d'évasion ou des tentatives désespérées de se traîner sur la piste de danse pour y esquisser l'un de ces pas de danse légèrement ridicules dont seul Øye a le secret, c'est finalement ce dédoublement de la personnalité dont souffre Øye qui en fait l'un de ses principaux atouts. On soulignera néanmoins que l'excellent (« Burning » ou « Inflation ») côtoie par moments l'anodin, rendant cette association de funky et de folky agréable mais pas indispensable. Idéal donc pour patienter d'ici la sortie du successeur de Riot on an Empty Street...