Dracula Boots
Kid Congo & The Pink Monkey Birds
Kid “Congo” Powers est une légende. Vous l’ignoriez ? Il est donc grand temps de vous dispenser un petit cours d’histoire du rock’n’roll !
C’est en 1979 que Kid « Congo » rencontre un certain Jeffrey Lee Pierce, amateur de bourbon, poète, beatnik et musicien à l’occasion. Les deux comparses se découvrent une aversion commune pour la new wave et un goût prononcé pour le désert du Texas, pour les fantômes qui y rôdent et les plantes curieuses qui y poussent. Pierce l’initie rapidement à la guitare des grands maîtres du Delta que sont Charley Patton ou Son House, et tous deux se lancent dans la fondation d’un des groupes de punk rock les plus mythiques de l’ouest, j’ai nommé The Gun Club.
Avec une franchise émérite et un son plus qu’approximatif, le groupe fait figure de précurseur du desert rock et de fer de lance du psychobilly naissant, aux cotés de Television et des Cramps. Ce sont ces derniers que Powers rejoint en 1981 en remplacement de Bryan Gregory. S’en suivent alors d’innombrables tribulations entre l’Europe et les States fin 84 lors desquelles il enregistre, entre autres, Las Vegas Story avec un Pierce de plus en plus ravagé. Il finit par atterrir à Berlin où il accompagne les Bad Seeds d’un certain Nick Cave pour plusieurs albums (dont le très bon Tender Prey). Ce n’est que dans le courant des années 2000 que Powers monte son projet solo créant les Pink Monkey Birds.
Après le très garage Berlin Insane IV, Powers nous propose le très rythmé Dracula Boots, qui concilie, avec sagesse et méthode, rock « chicano » et R&B 50’. « Sagesse » parce que Dracula Boots peut prétendre au titre d’album « éclairé » ; Powers plonge abondamment dans l’immense culture que son parcours implique : il reprend « I Found A Peanut » des Thee Midniters, le « Funky Fly » de Bo Diddley et grappille ainsi un peu de tout ce qu’on peut trouver entre le rock tex-mex, la soul, le garage crasseux, et le funk.
« Méthode » parce que Powers a su s’entourer de très bons musiciens ; la section rythmique de chaque titre et tout bonnement clinquante et la basse est groovante au possible (voir le génial « Pumpkin Pie »). Le tout est enregistré sur scène avec l’écho naturel d’un gymnase : Dracula Boots à l’allure d’un trip au mescal devant un film d’horreur ! Même la balade la plus simple (« La Llarona ») est dégoulinante de reverb !
Bien campé sur des bases solides, Dracula Boots est loin d’être une révolution, mais il développe une énergie assez conséquente qui en fera remuer plus d’un ; c’est décidément une constante chez In The Red Records : quand ce n’est pas du tout bon, c’est du très bon et dans tous les cas, ça bouge énormément.