Dr Dee
Damon Albarn
On commence sérieusement à se poser des questions au sujet de Damon Albarn. Y a-t-il encore quelque chose qu’il ne sait pas ou ne veut pas faire? Après avoir mené d’une main de maître avec le troubadour Graham Coxon (sur qui on ne se pose plus de questions tant il est resté fidèle aux sons produits chez Blur) l’un des plus grands groupes britanniques des nineties, après avoir pondu trois albums avec Gorillaz pour un succès ahurissant et mérité, après avoir donné dans la musique africaine (sur Mali Music mais surtout le très récent DRC Music) avec maestria, après avoir réalisé un album d’opéra chinois (Monkey : A Journey to the West) discutable pour tout un chacun tant cette musique peut réellement taper sur les nerfs, le voilà qui débarque avec une fausse bonne nouvelle. En effet, avec un album portant son seul nom et que l’on pourrait croire « en solitaire », Damon Albarn va en étonner beaucoup.
Pourquoi ? Car personne ou presque ne s’attend à un album mêlant musique d’arias/oratorio à la Haendel (section Julius César pour le style), rythmiques africaines douceâtres (Tony Allen est à la tâche) et petites chansonnettes à la... Damon Albarn. Tirés de son opéra-spectacle John Dee (médecin/scientifique et conseiller spécial de la reine Élisabeth I d’Angleterre), les titres que l’on qualifiera de musique classique chantée sont vraiment de très bonne facture et ne démériteraient pas au sein d’une quelconque discothèque classique. On sait maintenant que Damon Albarn se donne les moyens de ses désirs. On a donc droit à des chœurs, à toute la panoplie baroque britannique, mais surtout à un excellent chanteur, Christopher Robson, qualifié de sublime par Albarn. Les magnifiques titres chantés par ce dernier (bien que minoritaires, 5 sur 18) rappellent les morceaux plus lents de sa carrière d’antan (dans le même moule que « Out Of time » par exemple). Enfin, l’apport de Tony Allen, encore plus discret (2 titres), est tout aussi essentiel.
Rien à dire, c'est l'œuvre parfaite et on tire notre chapeau. L'excellente qualité du son que l'on doit au sorcier Valgeir Sigursson (Björk, Feist, Cocorosie, Camille) n'y est probablement pas pour rien non plus. Une seule question persiste : Damon Albarn parviendra-t-il à revenir à des choses beaucoup plus superficielles comme cette tournée avec Blur qui semble à mille lieues de ce qui est livré ici?