Down In Albion
Babyshambles
Si je vous dis que Pete Doherty a arrêté l’alcool, la coke, les excès en tout genre et qu’il a même largué Kate Moss qui avait une mauvaise influence sur lui, bien entendu, vous ne me croyez pas et vous avez tout à fait raison. Mais que dire encore de cet homme et de son Baby Shambles de groupe qui a tellement défrayé la chronique ces derniers temps ? Au point de lire dans un quotidien à large diffusion qu’il serait le Rimbaud du rock. Si Pete est loin dans son trip, les médias ne le sont pas moins à son sujet.
On en viendrait à oublier la musique et l’adage sex, drugs and rock’n’roll pourrait être amputé de son troisième terme vu que l’œuvre de ce pauvre type semble passer au second plan. Certains en viennent même à spéculer sur la date de son décès, lequel le ferait passer au rang d’icône voire de martyr pour les rares personnes qu’il impressionne encore.
Plutôt que de rentrer dans ce jeu, revenons à ce qui nous intéresse ici : Down In Albion, premier album en date du nouveau groupe de Doherty. Et premier constat, il dure plus d’une heure. Ce qui s’avère fort long surtout qu’on recense quelques titres dispensables comme "Pentonville", chant reggae d’un certain General Santana compagnon de tôle de Pete.
Pourtant, les premiers titres laissaient présager un album "moins pire" que ce à quoi on s’attendait. Le titre d’ouverture est une déclaration d’amour paradoxale entre Pete et Kate ("La Belle Et La Bête"). Même si cette dernière chante comme une casserole, sa voix en ferait tomber plus d’un. On enchaîne directement sur "Fuck Forever", sorti il y a quelques mois sur EP. Et là, on constate clairement que la présence de Mick Jones (The Clash) à la production n’est pas un gage de qualité. Celle-ci se révèlera brouillonne d’un bout à l’autre de l’album. D’ailleurs, un titre comme "Fuck Forever" y a perdu au change.
Sur Down In Albion, l’écriture de Pete Doherty sait se faire simple et efficace ("The 32nd Of December"). Il montre même une certaine érudition en se référant à Huysmans et à son bréviaire de la décadence : "A'Rebours". Mais après "Pipedown", la qualité de l’album se dégrade considérablement et les titres dispensables sont légion (le très reggae "Sticks And Stones", "8 Dead Boys",…). Quelques morceaux sortent tout de même encore du lot. Tout d’abord, "Killamangiro", déjà entendu sur EP, "What Katy Did Next" en guise de clin d’œil aux Libertines, un "Albion" tout en mélancolie et l’ensoleillé "Loyalty Song". Voilà pour un album complètement désabusé et foutraque où la voix de Pete sent la fatigue et la détresse.
Down In Albion est donc un peu meilleur que ce qu’on pouvait imaginer mais, paraît-il, ne serait pas révélateur du talent de Pete Doherty (entrevu sur Up The Bracket). On le pense donc capable de meilleures choses car, même si cet album est "bon", il n’est pas encore à la hauteur des références auxquelles on le compare (The Clash, The Jam ou The Kinks). Grouille-toi Pete car il paraît que l’heure de ta mort va bientôt sonner. Oups, j’avais dis que j’arrêtais…