DOST 1
Derya Yıldırım & Grup Şimşek
Je ne suis pas rancunier. La preuve, c’est que le jour où j’allais me débarrasser chez un disquaire bruxellois du premier album de Derya Yıldırım & Grup Şimşek, je donnais une seconde chance au groupe en lançant DOST 1, premier volet d’un projet qui en comptera deux - le second est attendu plus tard dans l'année. Il faut dire que l’attrait du groupe reste intact malgré un Kar Yagar plutôt anodin : sa composition n’a pas évolué (la chanteuse et joueuse de bağlama Derya Yıldırım est toujours accompagnée d’une batteuse londonienne et de trois quarts de l’Orchestre du Montplaisant), il a toujours la confiance de l’un des labels les plus ouverts d’esprit du continent européen (les inattaquables Genevois de Bongo Joe Records) et la formule qui l’a fait connaître en 2017 avec l’EP Nem Kaldi reste fondamentalement inchangée - la musique traditionnelle anatolienne va à la rencontre du funk, de la pop et du rock psychédélique.
Du coup, qu’est-ce qui rend DOST 1 si indispensable à nos vies alors que son grand frère avait été accueilli par notre indifférence polie ? Pas grand-chose en réalité. Car ce disque est la preuve éclatante du principe immuable selon lequel, dans la vie, ça ne se joue souvent pas à grand-chose. Dans l'esprit, rien ne permet de différencier DOST 1 de Kar Yagar. Mais à tous les niveaux pourtant, le groupe a procédé à de légers ajustements et de petites corrections qui font basculer sa musique dans une autre dimension, où les ambitions artistiques qu’il s’est toujours fixé se concrétisent dans un magnifique élan syncrétique, pour finir en parfaite adéquation avec nos attentes. Plus que jamais, Derya Yıldırım et le Grup Şimşek ne semblent pas porter le poids des traditions qui leur servent de carburant, et s’approprient totalement la formule qu’ils portent pour produire une musique qui leur ressemble autant qu’elle vit à travers ses illustres référents. Impeccable, tout simplement.