DOS
Michael Fakesch
Depuis l’annonce de l’éclatement du duo Funkstorüng (officialisé par la sortie d’une dernière compilation de remixes), on était en droit de se demander ce qu’allaient devenir les deux compères dans les temps à venir. Michael Fakesch prend l’initiative en proposant le premier son album solo, logiquement appelé Dos. Dos pour la rencontre de deux genres à première vue antinomiques : la soul sensuelle de Taprikk Swezee et les expérimentations pop-electro du Teuton Fakesch.
Nous le savons à présent, les éléments de Funkstorüng n’aimaient pas travailler seuls, et c’est entourés de beau monde que ceux-ci accomplissent leurs plus belles œuvres. Pas de raisons de changer une équipe qui gagne, et le sieur Fakesch l’a bien comprit. Pour cette raison, c’est au tour du très éloquent Taprikk Sweezee de briller sur ces quinze pistes endiablées, nourries à la soul la plus chaude. Et force est de constater que pour son premier opus, l’Allemand a décidé de frapper fort en livrant une galette ultra-sophistiquée, dopée aux bidouillages en tous genres qui témoignent du savoir-faire toujours aussi vivace dont il avait su faire preuve au sein du défunt binôme.
Qui évoque une pop teintée de soul ne peut passer à côté de l’inévitable Prince, symbole d’une pop music terriblement attachante, et d’un Justin Timberlake pour son incroyable talent pour affoler les minettes. Sweezee cumule à merveille ces deux costumes afin de délivrer un concentré de ce qui se fait de mieux en la matière : une voix bouillante d’intentions sexuelles doublée d’un charisme hors norme au moment de passer dans les aigus (je vous l’avait dit, Prince n’est jamais fort loin). Il ne restait donc plus qu’à poser cette voix sur des productions taillées au millimètre pour que le charme opère sans plus de formalités. On est alors rapidement pris dans une déferlante de blockbusters pop, une enfilade de titres tubesques à l’esprit soul qui se suffisent à eux-mêmes tant l’aperçu général est soigné. Et même si on en attendait pas moins du talentueux Allemand, la formule ici employée ne surprend que dans une moindre mesure une fois le disque parcouru, ce travail pourtant appliqué s’étendant parfois un peu sur la longueur et manquant d’un renouvellement qui entache, ne serait-ce qu’un peu, la longévité de l’album.
Mais cracher sur cette galette serait un peu ingrat de notre part au vu de l’aspect global plus que satisfaisant offert par celle-ci. Et même si certains passages s’éternisent, on prend sans plus de mal cette singulière expérience pop dans la figure. Un plaisir immédiat pour un premier disque d’une nouvelle carrière solo prometteuse, espérons juste que nous entendrons à nouveau parler de ce Michael Fakesch au plus vite.