Distance Inbetween
The Coral
C’est reparti pour une chronique de The Coral qui ne sert à rien si ce n’est à prêcher les convaincus. Le sentiment qui m’habite aujourd'hui est très semblable à celui que j’ai connu en parlant de The Life of Pablo un mois après sa sortie. En gros, si vous êtes arrivés ici, c’est que vous faites partie de ces fans indécrottables du groupe, que vous êtes de ceux qui cassent les couilles de leur entourage dès qu'il sort de sa grotte, de ceux qui vantent les innombrables talents d’une formation qui n’aura jamais eu la reconnaissance qu’elle mérite, coincée entre deux statuts qui la résument mal – le ‘one hit wonder’ indie (y’a qu’à voir comment Glastonbury réagit à « Dreaming of You ») et le chouchou de la critique.
Dans cette optique, le retour aux affaires de The Coral après quelques années de silence (si l’on exclut l’album ‘perdu’ The Curse of Love, ça fait 6 ans que l’on attend le successeur de Butterfly House) reste une histoire de passionnés. Et de veinards, n’ayons pas peur de le dire. Car les critiques globalement positives dont bénéficie le groupe ne sont pas le fait d’un copinage scandaleux, pas plus qu’elles ne découlent d’un certain opportunisme qui verrait les Anglais surfer sur la vague des tendances dominantes. Non, la formule privilégiée par The Coral (en gros, une pop psyché tirée au cordeau), elle n’a jamais vraiment évolué. Au mieux, elle s’est stabilisée après Magic Medecine pour ensuite être perfectionnée au fil du temps.
Évidemment, après le départ du gourou Bill Ryder-Jones et le ‘indefinite hiatus’, on se faisait un peu dans la pantalon. Car il n’y a rien de pire que de voir des types qu’on a tant aimés se prendre lamentablement les pieds dans la carpette ou se taper la honte alors qu’ils ont contribué à la survie du rock anglais à une époque où il n’en menait pas large – The Coral est apparu sur les radars au même moment que la déferlante Strokes / White Stripes et la prise de pouvoirs de hipsters en slim / Converse.
Qu’on se rassure, ce n’est pas avec Distance Inbetween que cela va arriver. The Coral a peut-être ressorti les vieilles casseroles, mais comme ils n’en traînent aucune et qu’ils sont incroyablement futés à l’heure d’appréhender leur art, on se retrouve avec un disque qui ne sent pas le renfermé ou le réchauffé. C’est même tout le contraire : après un Butterfly House plus champêtre et intimiste, The Coral travaille à nouveau avec une large palette de couleurs et d’ambiances, tente des trucs et les réussit. Leur zone de confort, ils en connaissent les contours et savent pertinemment bien que cela ne sert à rien de trop s'en éloigner, que leur fan base ne leur en tiendra nullement rigueur. Logique, après 6 ans de silence, elle est déjà trop heureuse de pouvoir tenir ce Distance Inbetween entre les mains.