Directions To See A Ghost
The Black Angels
San Francisco 1995. Les deux amis qu’étaient alors Anton Newcomb et Courtney Taylor-Taylor se promettent de créer une véritable révolution dans le paysage du rock alternatif américain. Le Brian Jonestown Massacre et les Dandy Warhols étaient nés. Inspirés par les papes du rock underground des années 60 et 70 les compères vont entamer la rédaction de l’un des plus explosif des chapitres de l’histoire du rock’n’roll.
Treize ans ont passé, la révolution a-t-elle eu lieu ? Peut-être. Ce qui est certain, c’est que les frères ennemis ont fait des émules. Depuis le début du millénaire les groupes se revendiquant du psychédélisme des seventies poussent comme autant de champignons multicolores façon Alice au pays des Merveilles… Et ce n’est pas pour nous déplaire.
Car si le style est résolument à la mode et tend à se répandre, avec sa cohorte de groupes dont le nom commence presque toujours par « Black quelque chose » (Black Rebel Motorcycle Club, Black Lips, Black Mountain et j’en passe), il n’empêche que leurs protagonistes sont souvent très talentueux. Et je n’ai pas peur de me brûler en affirmant que les Black Angels sont parmi les meilleurs groupes du mouvement.
Après Passover paru en 2006, les Texans nous livrent Directions to see a ghost, qui est une véritable perle noire du nouveau rock psychédélique. Les mélodies hypnotiques, le sitar mystique, les guitares lourdes ou explosives, les incantations caractéristiques à la Signe Toly Anderson (Jefferson Airplane) proférées par l’étonnant Alex Maas, le tout sous la cadence métronomique et oppressante de la batterie de Stephanie Bailey. Dès les premières notes de "You On The Run" on sait qu’on part loin dans la folie et pour un bon moment. Car c’est 70 minutes d’un voyage étourdissant de fantasmagories arc-en-ciel que nous propose cet album. C’est la tête la première qu’on y plonge, et on n’en ressort pas indemne. Le dépaysement est total.
Pourtant la recette n’est pas neuve et la référence aux 13th Floor Elevators ou au Velvet Underground a déjà payé souvent, certes… Mais la qualité et la propreté de l’ensemble est indéniable. Pas de plagiat donc, mais un exercice de style parfaitement réussi et une expérience sonore qui fait attendre avec impatience l’expérience live.