Digital Solutions
Model 500
La nouvelle date un peu, mais on voulait prendre notre temps avant de vous parler de ce disque, ne serait-ce qu’au travers d’une chronique plus courte qu’à l’accoutumée. Et oui, attendre seize longues années pour entendre un nouveau long format de Juan Atkins sous le pseudonyme Model 500 nous a poussé à y aller calmement avec ces neuf nouveaux titres. Un Digital Solutions compliqué dans la mesure où celui-ci vient derrière deux disques-balise dans l’imaginaire électronique de Detroit : Deep Space et Mind and Body. Vous pouvez vous brosser avec vos Carl Craig, Jeff Mills et autre Robert Hood de la deuxième génération de Détroit (c’est dire comme la première était pionnière), ici on parle d’un des membres du Belleville Three, fondateurs heureux de la techno à une époque où celle-ci tenait plus de Kraftwerk et de Funkadelic que de Marcel Dettmann.
Alors que dire quand, à l’instar du travail de Kevin Saunderson et Derrick May, on se retrouve face à une de ces légendes urbaines qui ressort du contenu après une si longue période ? Tout d’abord, que le travail est impeccablement bien fini, que les déclinaisons electro-techno-funk n’ont pas pris une ride grâce à une production toute en synthèse, carrée et dynamique. L’œuvre post-moderne par excellence, qui reprend les atours p-funk, de Drexciya aussi, et le mythe du mensch-maschine d’autrefois tout en lissant le son pour que rien ne dépasse. Ce classicisme est inattaquable, et la tentative d’adaptation de cet univers aux contraintes du monde moderne (cette tentative dubstep sur "Encounter", notamment) marche suffisamment bien pour que l’œuvre de Model 500 fasse toujours office de mythe en extension. Pas de réelle évolution, à peine une légère adaptation. Beaucoup auraient été prêts à signer les yeux fermés pour un tel succès il y a encore un an, sans attendre un disque capable de dépasser les succès passés.