Dig! Lazarus, Dig!
Nick Cave & The Bad Seeds
Il est de bon ton depuis 2007 et la sortie de l’album de Grinderman de dire que le vrai Nick Cave est enfin de retour, celui de The Birthday Party et des premiers albums fiévreux en compagnie des Bad Seeds, celui que l’on avait perdu de vue au fil des disques de crooner et autres expérimentations mystico-gospelo-lyriques. Il est également de bon ton de dire que Dig! Lazarus! Dig ! est son meilleur album depuis des lustres, un véritable retour aux sources, primaire, régressif et jouissif. Et c’est vrai qu’il est un peu tout ça ce nouvel opus. Avec une nuance néanmoins : primaire, régressif mais seulement occasionnellement jouissif. Vous en conviendrez, la nuance est de taille.
Ca commence pourtant très bien avec un excellent premier single - la chanson-titre – sexy et rythmé comme il faut, avec une sorte d’incantation tribale reprise en chœur par les mauvaises graines. A ce moment, on se dit que le plan marketing va tenir toutes ses promesses, à l’inverse de Grinderman qui partait d’un bon sentiment mais finissait assez rapidement en sucette. Malheureusement, dès le second titre, tout s’écroule : textes sans âme, mélodies non pas évidentes mais simplement convenues, production archi-prévisible et sans saveur. Bref, très vite, trop vite, Dig! Lazarus! Dig ! verse dans l’auto-parodie – une régression comme une autre mais pas vraiment celle que l’on espérait. Les titres se suivent, se ressemblent un peu et même parfois beaucoup, et seule la voix de l’Australien permet de tenir jusqu’au dernier tiers du disque, ce quart d’heure de bonheur que l’on n’espérait plus après une demi-heure pas mauvaise mais juste ennuyeuse.
Car en trois titres seulement, "Jesus Of The Moon", "Midnight Man" et "More News From Nowhere", on touche du doigt ce qu’aurait pu, ce qu’aurait du être ce cru 2008, s’il avait eu la bonne idée de picorer les meilleurs morceaux de l’album éponyme de Grinderman. Au lieu de deux rendez-vous ratés, on aurait pu avoir un grand disque complètement barré. Et malheureusement, ce n’est pas qu’une simple question de tri sélectif : le doublé gagnant de 2005, Abattoir Blues et The Lyre Of Orpheus, était beaucoup plus long mais beaucoup plus convaincant car il assumait pleinement la double personnalité de l’auteur. Rocker à moustache certes, mais orfèvre folk au crâne dégarni aussi. Allez Nick, il est temps de dépasser le cap de la crise de la cinquantaine...