Diamond Hoo Ha
Supergrass
Epreuve de Philosophie Musicale - Avril 2008
Sujet : Un bon album de rock est-il un bon album de Supergrass ?
Thèse : Oui, un bon album de rock est un bon album de Supergrass. Après tout, à l’exception de l’étrange parenthèse acoustique de Road To Rouen qui ne ressemblait guère à un disque de Supergrass, le groupe de Gaz Coombes a assis l’essentiel de sa carrière et de sa notoriété sur un pillage particulièrement inspiré de l’histoire du rock, et notamment de la discographie des Buzzcocks, des Kinks et de MC5. De fait, ce sixième album ne déroge pas à la règle avec juste quelques clins d’œil un peu plus appuyés du côté du glam et de T-Rex sur "Diamond Hoo Ha Man" et "Bad Blood", duo de singles qui ouvre efficacement les hostilités.
Transition subtile : Mais est-ce suffisant pour qualifier Diamond Hoo Ha de bon disque de Supergrass ?
Antithèse : Non, un bon album de rock n’est pas forcément un bon album de Supergrass. Car si le groupe a toujours été au-dessus de la mêlée des groupes de Britpop, même après le mouvement mort et enterré, c’est qu’il y avait plus que du rock dans sa recette musicale. Pêle-mêle, il y avait de l’humour, de la couleur, beaucoup de second degré et un talent mélodique indéniable qui permettait aux compères d’aligner les tueries du calibre d’un "Strange Ones", d’un "Grace" ou d’un "Going Out". Ces morceaux étaient baignés dans l’huile culturelle britannique mais parvenaient à ne jamais sentir la mauvaise friture grâce à un petit gimmick, un riff malin, un refrain à reprendre en chœur dans les festivals du monde entier. Ici, on a bien un joli clavier sur "Rebel In You", une petite trompette sur "The Return Of…" et une brillante guitare acoustique sur "Ghost Of A Friend", mais rien qui n’aurait pu être pondu par un autre groupe.
Seconde transition (un peu moins subtile) : Diantre… Mais alors, que penser de ce disque brocardé un peu partout comme le retour aux sources de Supergrass (formule éculée s’il en est) ?
Synthèse: Eh bien, en guise de conclusion, nous pouvons affirmer que Diamond Hoo Ha est un bon disque de rock mais n’est qu’un album moyen dans les critères de Supergrass. Comme l’aurait dit Spinoza s’il avait vécu à notre époque (+1 point pour la référence), il lui manque ce grain de folie et cette énergie débridée qui faisaient le charme de In It For The Money ou Life On Other Planets. Il lui manque également ces singles de génie qui peuvent faire la différence, ces "Moving" et "Mary" qui sauvaient même le très moyen disque éponyme de 1999 et bloquaient le doigt de l’auditeur sur la touche ‘repeat’ de longues heures durant. Et si l’on ne peut que se réjouir du retour du groupe à l’électrique après une dérive acoustique vite oubliée, on était en droit d’attendre mieux de cet album à la mauvaise pochette digne d’un bootleg amateur.