Dear John

Loney, Dear

Polyvinyl – 2009
par Popop, le 9 mars 2009
8

La Suède est un pays merveilleux. Non content d’avoir apporté au monde les plus belles filles qui soient, les délicieux bonbons Daim, les croquants Krisprolls et les si pratiques meubles en kit qui s’écroulent à peine montés Ikea, notre lointain voisin scandinave est en outre une formidable pépinière à folkeux romantiques. Visiblement, le passe-temps préféré des jeunes mâles suédois n’est pas le foot, la bière, les jeux vidéo ou les filles (au hasard) mais bien le grattage intempestif de guitare au coin du feu dans une cabane au fond des bois – seul ou avec des potes. De Jens Lekman à Christian Kjellvander en passant par Nicolai Dunger, Kristofer Astrom, Hederos & Hellberg, I’m From Barcelona ou encore Peter Bjorn & John, les artistes suédois ne cessent de surprendre et de charmer les plus mélomanes d’entre nous.

A cette longue liste débordante de talent pur, il convient depuis quelques temps d’ajouter Emil Svanängen, alias Loney, Dear. En effet, depuis Loney, Noir, second disque majestueux sorti chez Sub Pop en 2007, le joufflu Suédois s’est imposé comme l’un des plus talentueux compositeurs folk de la décennie – sans distinction géographique. Un statut que vient confirmer encore un peu plus Dear John aujourd’hui.

Malgré ce postulat de départ, expliquer ce qui rend la musique de Loney, Dear si indispensable n’est pas chose aisée : la voix est juvénile et souvent trop aigüe ; les bidouillages électroniques qui viennent rythmer les morceaux sont plutôt maladroits ; les arrangements sont simplistes ; et les mélodies se ressemblent un peu toutes. Pourtant, il y a quelque chose d’irrésistiblement accrocheur dans ces petits bouts de folk bricolés à partir de trois fois rien. Quelque chose de tendre et de chaleureux, une sensibilité à fleur de peau, et toujours cette manière de faire monter crescendo les morceaux jusqu’à l’emballement final.

Avec peu, Emil Svanängen emmène l’auditeur très loin, en voyage ("Airport Surroundings"), sous l’eau ("Under The Silent Sea") ou sur les routes ensoleillées ("Summers", tube estival que l’on jurerait chipé à Belle & Sebastian). Sans jamais sembler froid ou calculé, chaque détail est finement pesé, qu’il s’agisse de la mélodie sifflotée à la fin de "I Was Only Going Out", des arpèges de violons signés Andrew Bird sur "I Got Lost" (les deux musiciens sont partis plus d’une fois en tournée ensemble) ou de la chorale de poche qui sublime l’irrésistible "Distant".

Bref, il y a de la pop et des envies de grands espaces dans ces morceaux souvent inondés de lumière et auxquels l’obscurité ne sied guère ("Harm/Slow", trop misérabiliste pour être vraiment sincère). Et quoi qu'il en soit, quelles que soient les inspirations de son auteur, rarement la mélancolie n’aura sonné aussi douce, aussi attirante, aussi engageante.

Le goût des autres :
8 Jeff 7 Nicolas