Cuspide des Sirenes
Simo Cell
On a eu un peu de mal à admettre que Cuspide des Sirènes est le premier album de Simo Cell. Déjà parce que le producteur français n'en est selon nous plus à son coup d'essai, lui qui s'est révélé il y a de ça des années à grands renforts de sets de 6h à l'Atonal Berlin, de sorties très prometteuses pour Livity Sound, d'un track fantastique sur un joueur de foot non moins fantastique, et de sorties très sérieuses sur son label TEMƎT. Aussi, parce qu'un premier album est déjà sorti, certes en collaboration avec Abdullah Miniawy.
Surtout, parce que le premier disque est pour nombre de producteurs un exercice obligé et donc un peu stérile et chiant, qui leur sert principalement à prouver qu'ils sont sérieux (comprendre : capable de produire des interludes ambient dispensables) et qu'ils ont un univers (comprendre : un communiqué de presse pseudo-sf digne d'une fanfiction sur Wattpad). Ok, celui qui accompagnait Cuspide des Sirènes nous a quand même un peu fait sourire : le protagoniste (aka Simo Cell) part dans un lac caché affronter ses démons, et est armé d'une conque qui sert à jouer des morceaux enseignés par des sirènes.
Ce CP ne sert cependant que d'excuse pour continuer à distiller une bass music de première catégorie, ici un peu plus ralentie et féline que sur ses différents EP, tirant notamment partie du format album sur un "rainbow dance" plus feutré que la plupart des productions du Nantais. Car oui, Cuspide des Sirènes est un vrai album, et ne s'écoute absolument pas comme une collection de singles, grâce à une narration simple mais pas trop présente. On parlait plus haut d'interludes ambient inutiles et Simo Cell est assez intelligent pour ne pas vraiment tirer sur cette corde, se permettant juste une incursion un peu plus beatless sur "surface/sirens" avant de réembrayer sur un "hypnotized" hyper intense.
Et ce n'est pas parce que cet album se veut un minimum sérieux que Simo Cell n'est pas capable de s'amuser, l'aspect ludique qui a toujours caractérisé sa musique envahissant chaque morceau : de la voix RnB qui lance le beat de "rapids" aux "fous-moi la paix" du bien nommé "leave me alone", tout le disque nous montre que Simo Cell reste un producteur toujours aussi divertissant et d'une efficacité redoutable, capable de transformer un point de passage obligé pour beaucoup d'artistes en beaucoup plus qu'une simple carte de visite. Un boulot sérieux donc.