Cults
Cults
Il n’y a même pas un an, les New-Yorkais de Cults n’étaient qu’un groupe de plus qui commençait à faire le buzz sur Bandcamp et particulièrement apprécié des nez les plus creux de la blogosphère. Nous sommes en juin 2011, l’été vient à peine de débuter et on se demande bien ce qui va empêcher le groupe emmené par Brian Oblivion et Madeline Follin de rythmer la saison de tous les fans d’indie-pop de la planète. On le sait, le retour des beaux jours s’accompagne d’une quête effrénée du disque « simpliste mais pas trop » censé correspondre à l’état de décontraction extrême induit par des températures saisonnières plus que clémentes. Et c’est vrai qu’à ce petit jeu, on va avoir bien du mal à faire mieux que Cults, qui peut en plus se targuer de bénéficier du soutien de la machine Columbia Records (via l'imprint In The Name Of de Lily Allen) pour assurer sa présence dans les hautes sphères du rock indé.
La recette du succès ? Elle est en apparence d’une simplicité enfantine, comme c’est souvent le cas avec ces groupes qui optent pour une soi-disant facilité et dont le savoir-faire pop n'est que trop rarement reconnu à sa juste valeur. Ainsi, si l'on veut généraliser, on peut dire que la paire Oblivion / Follin nous sert une version un peu moins gnan-gnan et autrement plus sonique du bonbon acidulé She & Him. Comme avec le groupe formé de M. Ward et Zoey Deschannel, on décèle sans trop se forcer un amour inconsidéré pour les girl groups né de l'imaginaire spectorien, Ronettes et Crystals en tête. Mais là où She & Him surjoue la carte de la nostalgie, Cults donne à ses vignettes pop en noir et blanc des airs de modernité en conviant claviers sirupeux, guitares légèrement bruyantes et samples discrets. Parce que oui, il y a un peu de Best Coast et de Raveonettes là-dedans. Partant de ce postulat plutôt alléchant, le groupe a ensuite l'élégance de nous pondre une volée de titres absolument irrésistibles, dont certains figureront à l'évidence parmi les plus plébiscités de cette année. En effet, des titres comme "Abducted", "Never Heal Myself", "Bumper" ou "Go Outside" sont empreints d'une telle candeur qu'ils suffisent à nous faire oublier Fukushima ou la crise économique le temps de quelques minutes de pur bonheur hédoniste. Et même si on ne croise pas de "doo wop" ou de "na na na" ingénus sur ce premier album, dans nos têtes, c'est l'allégresse qui prévaut.
Si l'on se demande quand même dans quel mesure le groupe va pouvoir continuer à jouer la carte de la fausse naïveté sur de futurs albums, on ne peut s'empêcher de penser que même s'il sombre un jour dans la médiocrité ou le grand portenawak, il nous aura au moins pondu un disque aussi intergénérationnel qu'intemporel. Et comme c'est loin d'être donné à tout le monde, il mérite bien un peu de notre respect.