Cruise Control
Benjamin Diamond
"Music Sounds Better With You", nous disait Benjamin Diamond en 1998 au sein de Stardust ; dix ans plus tard on peine à en dire autant à l'écoute de Cruise Control. J'avais pourtant envie de l'apprécier, ce troisième album solo, au moins comme un bon disque de bagnole qu'on entend qu'à moitié, vitres ouvertes et main en extérieur. Les ingrédients y sont effectivement, avec une pop ensoleillée et rythmée, les rétros braqués sur les seventies et les peines d'amour. Mais tout est trop approximatif. À chacune des onze tentatives de ce disque, quelque chose vient mettre en échec les bonnes idées qui se faisaient déjà rares : une voix trop maniérée, un refrain insupportable, une guitare grotesque. On ne reste jamais tranquille un moment, à savourer une pop un peu désuète mais charmante. Non, toujours, quelque chose vient nous agacer, rompre le peu de magie qui pouvait s'instaurer. Et au final on risque même de détester l'ensemble, de rejeter en bloc cet univers mal dégrossi et neuneu où tout le monde dit tout le temps « I miss You ».
La production de Paul Kendall (Depeche Mode, Goldfrapp) est en tous points désarmante: plate, fade et toujours de mauvais goût, elle empêche la moindre chanson de devenir agréable (à part, soyons sympas, sur "This Is It"). Bien supervisé et enregistré, nul doute que Benjamin Diamond aurait rendu une copie honorable. Il faudra malheureusement se contenter de grosses ratures et d'une écriture poussive, sans même les points de présentation. Dans ce versant rock de la première French Touch, on vous redirige sans hésiter vers Phoenix ou le dernier album éponyme d'Alex Gopher. Qui eux nous donne de vraies envies de Cadillac.